Les débats sur les écrits littéraires produits par des écrivains femmes sur la Guerre de libération nationale ont permis de relever l'insuffisance des ouvrages sur cette période. Lors d'une table-ronde, organisée mardi soir, dans le cadre du XIe Salon international du livre d'Alger (Sila), l'écrivaine Maïssa Bey a indiqué qu'«il n'y a pas beaucoup d'écrits réalisés par des femmes sur la période coloniale et la torture pratiquée par le colonialisme», imputant cette absence de témoignages au fait que la population algérienne «était confinée à l'illettrisme» durant la période coloniale. «Il y a quelques femmes qui ont écrit, après l'indépendance, pour évoquer la guerre mais leur nombre est très restreint», a ajouté l'oratrice citant notamment Assia Djebar, auteur des ouvrages Les enfants du nouveau monde, Les alouettes naïves et le dernier texte paru en 2000, intitulé Femme en sépulture, ainsi que Yamina Mechakra qui a écrit La grotte éclatée. Evoquant son expérience littéraire, Maïssa Bey, auteur de Qu'entendez-vous dans les montagnes ?, roman dans lequel elle décrit les affres du colonialisme, a confié que c'est en lisant le livre de Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir intitulé Djamila Boupacha qu'elle a découvert «l'écriture de la violence, avec des documents authentiques». «J'étais jeune et j'ai découvert l'horreur de la torture et cela a été un choc pour moi», a affirmé Maïssa Bey, dont le père est mort sous la torture de l'armée coloniale. «Quand j'ai commencé à écrire un texte sur mon père, je n'ai pas eu le courage d'aller jusqu'au bout», a confié l'écrivaine ajoutant que «même dans un témoignage, il y a quelque chose qui ne peut pas sortir». De son côté, l'universitaire et traductrice italienne Jolanda Guardia a cité le livre Algérienne, évoquant les tortures subies par la militante Louisette Ighilahriz, dont le récit a été recueilli par Anne Nivat. «Il y a très peu de livres écrits par des femmes sur la Révolution, il faudrait plus de voix à ces témoignages», a-t-elle dit en concluant : «Même si certains écrits ne répondent pas aux canons de la littérature, des femmes ont écrit et, à mon avis, cela est le plus important.»