S'il est un langage, le rêve est un langage qui procède par symboles. Cette réalité a toujours été mise en évidence par les grands interprètes, comme Artémidore d'Ephèse, dans la Grèce antique ou Ibn Sîrîn, chez les musulmans. Procéder par symboles signifie que les rêves ne doivent pas tous être pris au sens littéral, mais qu'ils possèdent un sens caché à la recherche duquel il faut partir. Faut-il rappeler que le symbole tient une place importante dans la vie de l'homme ? En fait, la vie est entourée d'une multitude de symboles qui influencent le comportement, déterminent les attitudes : le noir est la couleur du deuil, le vert celle de l'espoir, le lait est vu comme un bel augure (el-fal), un corbeau qui passe comme un mauvais, dans la tradition maghrébine, le bouc est associé aux génies, alors que la tortue est vue comme un animal bénéfique, qui chasse le mauvais œil. Un auteur allemand, J. J. Bachofen, évoque ainsi le symbole, comparé au langage commun : «Le symbole fait naître le pressentiment, le langage, lui, ne peut qu'expliquer. Le symbole fait vibrer à la fois toutes les cordes de l'esprit humain, tandis que le langage se trouve obligé de ne s'adresser qu'à une seule pensée. Le symbole a des ramifications jusque dans les profondeurs les plus intimes de l'âme, le langage ne peut qu'effleurer la surface de l'entendement. L'un est orienté vers l'intérieur, l'autre vers l'extérieur... Les mots limitent l'infini, les symboles conduisent par-delà les frontières du fini...»