Situation n Coincé entre un oued, une unité d'abattage de chats et de chiens errants, une décharge publique et un chemin de fer, ce centre de transit est, last but not least, assiégé par les rats, les serpents et les… sangliers. «Tournez à droite, puis à gauche et allez tout droit !» Malgré les consignes de Mohamed, notre chauffeur a toutes les peines du monde à trouver le chemin qui mène au centre de transit de Boumaâti, dans la commune d'El-Harrach. Il faut dire qu'il est situé «aux frontières du réel», pour reprendre l'expression de l'un de ses habitants. Pour y accéder, il faut passer sous un pont menant à l'hôpital Zmirli et s'engager sur une piste à peine praticable, en plein oued, au milieu de toutes sortes de détritus ! «Je vous l'ai dit, ce n'est pas une mince affaire de repérer ce centre qu'on ne peut voir d'ailleurs qu'à partir d'un avion ou des trains qui passent par ici», commente Mohamed, qui y réside depuis 14 ans déjà. Coincé entre un oued et un chemin de fer, cet ensemble de constructions en parpaing n'est pas, pour autant, méconnu des autorités locales. «Elles sont au courant de notre situation», affirment à l'unanimité les résidents qui continuent, malgré tout, à souffrir. Non seulement des odeurs nauséabondes se dégagent de l'oued et de la décharge de Oued S'mar, sise à quelques encablures de là et du danger permanent que représente pour leurs enfants le chemin de fer, mais aussi les rats, les serpents et les… sangliers hantent les lieux ! En outre, l'hiver est synonyme d'enfer pour ces damnés de l'oued, puisque leurs habitations se transforment en véritables piscines dès les premières pluies, alors que les fils électriques accrochés un peu partout constituent une menace permanente pour eux. L'endroit a tout d'un ghetto avec les ordures qui l'assiègent, les eaux qui stagnent devant les taudis et les mille et un désagréments et autres problèmes auxquels sont confrontées les 152 familles qui y résident. Comme si cela n'était pas suffisant pour leur rendre la vie infernale, les services de la wilaya d'Alger ont implanté au milieu du centre une unité d'abattage de chats et de chiens errants. «Il ne manquait plus que cela», tonne Mohamed. L'unité en question «dégage des poisons chimiques, c'est pourquoi nous avons été amenés à la fermer de force, mais à tout moment, elle peut reprendre du service», affirment les habitants. Dans cet environnement hostile, les uns et les autres ne souhaitent qu'une chose : partir un jour, aller dans un endroit plus clément. «Pire qu'ici, ça n'existe pas», assurent-ils. Handicapés à vie n A en croire certains témoignages recueillis auprès des habitants du centre de transit, deux enfants sont handicapés en raison des conditions dans lesquelles ils vivent. «C'est ici qu'ils ont perdu l'usage de leurs fonctions essentielles», a-t-on indiqué.