Résumé de la 10e partie n Aldjia se rend au cimetière, la nuit, pour déposer sur la tombe de Salah son «repas», en fait des aliments qui serviront à entrer en contact avec lui. Le lendemain, peu avant l'aube, le jeune homme doit accompagner de nouveau sa mère au cimetière, cette fois pour récupérer les ingrédients déposés la veille. Omar craint que quelqu'un ne le voie en ce lieu : on aurait vite fait de croire qu'il s'adonne, ainsi que sa mère, à des actes de sorcellerie. En début d'après-midi, il va chercher la timsensit en voiture. Aldjia a invité quelques proches à assister à la séance. Quelques personnes sont venues avec des objets ayant appartenu à des proches décédés, avec l'espoir de pouvoir, elles aussi, dialoguer avec leurs disparus. Mais il faudrait que la timsensit accepte : en principe, elle ne vient que pour le fils de Aldjia et cela, chacun le sait. On accueille chaleureusement la timsensit et on lui offre du café et des gâteaux, mais elle refuse de manger : «Je goûterai à votre nourriture, mais seulement après celle du mort pour qui je suis ici !» Une heure avant, Rahima a préparé le repas du mort : une sorte de polenta arrosée d'huile d'olive. On attend la tombée de la nuit pour procéder au rite. On a étalé sur le sol un tapis et la timsensit, une femme d'un certain âge, s'est mise au milieu. On a déposé devant elle le plat, puis on s'est assis autour d'elle. La timsensit, les participants et leur demande de décliner leur identité. «Moi, dit Aldjia, tu m'as déjà vue, je suis la mère du défunt, Salah. — Que Dieu ait son âme et l'accueille en Son Paradis, dit la femme. — Et moi, je suis son épouse, dit Rahima. — Que Dieu te donne la patience de supporter le malheur qui t'a atteinte ! — Moi, je suis son père, dit Slimane. — Et moi son frère», dit Omar. Elle le regarde avec plus d'intensité, ce qui a pour effet d'intimider le jeune homme. «Que Dieu te guide dans la bonne voie», dit la timsensit. Les sœurs de Salah se présentent également, puis les autres présents. «Vous êtes tous d'accord pour que j'invoque l'âme du défunt ? demande la timsensit. — Oui, s'empresse de dire Aldjia. — Vous avez peut-être des questions précises à lui poser ? — Je t'en ai déjà parlé», dit Aldjia. Elle se tourne vers son mari, son fils et Rahima et dit : «Nous voulons connaître la situation de Salah dans l'au-delà, savoir quels sont ses besoins, ses désirs... Notre fils nous a quittés brusquement, sans que nous ayons eu le temps de connaître sa pensée !» Rahima soupire. La timsensit la regarde : «Ne sois pas triste pour ton époux ! La vie dans l'au-delà est bien meilleure qu'ici ! — Nous l'espérons pour notre fils», dit Aldjia, en réprimant une envie de pleurer. «Puisque tout le monde est prêt, dit la timsensit, nous allons commencer !» (à suivre...)