Pollution, déforestation et d'autres facteurs sont derrière la propagation de diverses allergies lesquelles, avertissent les spécialistes, ont pour conséquence des complications plus graves pour la santé. «Quand il éternue ou quand il a le nez bouché, un malade consulte rarement un médecin. Et quand il le fait… C'est trop tard. Le médecin lui dira : Monsieur, vous avez de l'asthme». Le diagnostic du docteur Benyounes Abdenour, président de l'Association nationale des allergologues privés (Anap) est sans appel et démontre toute l'étendue d'une pathologie sous-traitée et sous-diagnostiquée par la majorité des patients. Communément appelée «rhum des foins», la rhinite allergique, peut, selon des spécialistes, se manifester sur la peau sous la forme d'eczéma, sur le tractus respiratoire depuis le nez (la rhinite allergique) jusqu'aux poumons et aux bronches. Cette «pandémie», qui est passée du 15e rang mondial des maladies chroniques au 4e selon les dernières estimations de l'OMS, est le thème d'une rencontre tenue, depuis hier, à l'hôtel El-Aurassi, durant laquelle des spécialistes comptent plaider pour un consensus national, allant du diagnostic au traitement en passant par la prévention. Le professeur Habib Douagui, chef de service pneumo-allergologie au CHU Beni-Messous, tire la sonnette d'alarme. «En Algérie jusqu'à 25% de la population souffre de différentes manifestations de l'allergie», révélera-t-il. Une telle prévalence s'explique, de l'avis du coorganisateur de la manifestation, par deux facteurs essentiels : «Le premier est la pollution effrénée et sous de multiples facettes de l'environnement (usines, véhicules, ports, cimenteries et carrières), le second a une relation avec les habitations fermées et isolées avec de plus en plus d'allergènes domestiques comme les acariens, le pollen, le latex, les vêtements, les animaux domestiques, principalement les chats et les chiens», précise-t-il, signalant, en outre, «le haut degré de toxicité des métaux de construction, des détergents, du tabac ou alors les conservateurs et les colorants mis dans nos aliments». Dans l'énumération des causes, le Dr Benyounes revient à la charge. «Vous voyez toute cette débandade à Alger avec un parc automobile dense et vétuste. On peut mettre une heure pour parcourir de petits kilomètres. Et pendant une heure on inhale du monoxyde de carbone et des particules du diesel. Le soir on a le nez congestionné», explique-t-il, tout en pointant un doigt sur un détail important. «Avec le nez congestionné, la rhinite ne cesse de retentir sur le sommeil et lorsqu'elle a un impact sur la qualité du sommeil, elle retentit forcément, le lendemain, sur la qualité du travail ou sur les performances scolaires. C'est pour cela que nos entreprises et nos établissements scolaires font continuellement face à de forts taux d'absentéisme», enchaînera-t-il dans la foulée. Mais le plus grave problème de la rhinite comme le précise, pour sa part, le professeur Abderahmane Saidia, chef de service ORL au CHU Annaba, c'est «inévitablement le fait qu'elle évolue dans la majorité des cas vers l'asthme qui est l'une des maladies durables et émergentes et qui est surtout cause d'une mortalité non négligeable pour laquelle nous pensons mettre en œuvre un véritable programme national de lutte.»