Diagnostic n En l'espace de quelques années seulement, la prévalence de ces maladies a quasiment quadruplé. Outre les facteurs «traditionnels»,comme le pollen et le latex, les spécialistes pointent un doigt accusateur sur deux grands pollueurs : les usines et les véhicules. «Dans les années 1980, les allergies sous toutes leurs formes, ne concernaient que 5 % de la population algérienne. Durant le premier semestre 2006, cette pathologie en a touché plus de 20%», met en garde, le professeur Habib Douaghi, chef de service pneumo-allergologie de Beni-Messous. Principal motif : «Nos centres urbains sont de plus en plus pollués et même les régions rurales semblent être aussi touchées par cette malédiction.» «Outre le grave problème du confinement des habitations, le facteur majeur ayant conduit à l'augmentation de la fréquence de cette maladie demeure la pollution de l'environnement sous ses multiples facettes», explique ce spécialiste, en marge d'un séminaire sur la rhinite allergique et son impact socio-économique, tenu à la mi-novembre à l'hôtel El-Aurassi. Un rendez-vous durant lequel médecins et défenseurs acharnés de la préservation de l'écosystème ont choisi de tenir le même langage. Par pollution de l'atmosphère, les allergologues, présents aux débats, visaient les rejets par les usines de gaz à haute charge de toxicité, le dioxyde de carbone émanant des pots d'échappement des véhicules, les métaux lourds comme le mercure et un nombre incalculable de petites particules, certes invisibles, mais qui, en s'accumulant par millions dans les nuages, constituent un danger pour la santé publique et, par extension à la trésorerie, tant les répercussions, tel le coût des soins, de l'absentéisme professionnel et scolaire est terrible. S'il est vrai que l'augmentation de la densité des allergènes domestiques, comme par exemple les produits d'entretien, ne peut jamais être contestée, il n'en demeure pas moins que les éternuements, l'obstruction et l'écoulement du nez, les signes annonciateurs des allergies et peut-être même de l'asthme sont favorisés dans de larges proportions, selon le professeur Abderahmane Saïdia, chef du service ORL du CHU de Annaba, présent lors du même rendez-vous, «par le fait que les usines dégagent journellement des tonnes de petites particules et par le fait aussi qu'il existe dans nos villes un parc automobile dense et surtout vétuste qui pollue terriblement l'atmosphère par ses rejets». Le constat est préoccupant surtout lorsqu'on sait, à titre de rappel, qu'il existe «une frange de la population qui n'a pas accès aux médicaments traitant les allergies», comme le regrette le professeur Douaghi, en appelant «les pouvoirs publics à prendre en charge ces malades dans le cadre de la solidarité nationale».