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Au coin de la cheminée
L'exil -conte targui- (1re partie)
Publié dans Info Soir le 26 - 11 - 2006

Souvenirs n Un jeune berger targui raconte son existence, les rites qui ponctuent son quotidien…
Ma mère m'a dit que je suis né l'année de l'étranglement du soleil(1). Ma mère était une joueuse d'imzad de grande renommée, comme autrefois la célèbre Dassine.
Mon père et d'autres prétendants avaient marché des nuits et des nuits à dromadaire pour venir l'entendre et tenter de la séduire. Elle avait choisi mon père.
Nos ancêtres organisaient des rezzous(2) et ramenaient chamelles et chèvres. Cela se passait après la cure salée, quand les bêtes revenaient de leur transhumance. Au départ, ce qui était survie dans une terre déshéritée, misère oblige, était devenu rites, codes de valeurs viriles, bravoure initiatique des jeunes hommes, parades glorieuses. C'est sans doute ce qui explique chez nous l'amour des armes, l'attachement quasi sacré à la takouba(3).
Dès que j'eus porté le voile, mon père m'apprit à me battre à l'épée et à tirer au fusil.
Je rêvais déjà de batailles prestigieuses.
Mon grand-père me disait que les hommes allaient au rezzou comme on va à un rendez-vous avec une femme.
Aussi loin que je me souvienne, j'ai aimé Tazarnat. Nous gardions les chèvres ensemble. Nous jouions au delli(4) avec des cailloux, des noyaux de dattes, que nous déplacions sur des cases tracées dans le sable. Nous fabriquions des poupées avec des os de chèvre et la poupée-homme se mariait avec la poupée-femme et c'était moi et c'était elle. Nous suivions parfois la marche d'une fourmi… Où pouvait-elle aller dans cet espace démesuré ? Le temps passait à regarder briller nos yeux sous les paupières et les cils bleuis de k'hol.
Comme tous les garçons de mon âge, j'étais berger. Avec mon père, j'apprenais à reconnaître les traces des animaux sur le sable, à monter sur le dos d'un dromadaire en course, à tout connaître des arbres, des plantes, bonnes ou mauvaises, des oiseaux qui donnent la chance et ceux qui l'enlèvent, des points d'eau.
Ma mère nous disait qu'Amelrokis, le héros des légendes targuies, avait inventé les caractères de l'alphabet pour en faire une sorte de jeu d'amour, le code secret des amoureux. La première lettre que je retins fut le cercle de la lettre «R», le rond que trace un garçon dans la paume d'une jeune fille pour lui avouer qu'il l'aime.
J'étais heureux.
Tazarnart était la plus belle.
Je ne pensais à elle qu'en termes de poèmes.
Je la compare à tout, sa beauté dépasse tout.
Sa peau a trois couleurs : olive, ocre, blanche. Elle ressemble à trois fleurs : la temach, la tarada, l'atas, qui poussent à la fin de la saison des pluies. De son bâton finement taillé, trempé dans les teintures végétales, ocre jaune, rouge, sa mère lui traçait sur l'arête du nez, sur les joues, des points, des traits, des triangles. Ton visage pur, Tazarnat, s'ennoblissait de ces dessins ;
J'aimais la douceur du soir, quand le tindé(5) nous appelait au rendez-vous des célibataires, des belles femmes, des violons. J'aimais le claquement des mains au rythme du tindé. (à suivre...)
(1) L'étranglement du soleil : éclipse.
(2) Rezzous : embuscades ou batailles.
(3) Takouba : épée qui ne quitte jamais les Touareg, dès leur adolescence.
(4) Delli : sorte de jeu de dames
(5) Tindé : fête spécifiquement targuie. A l'aide de l'imzad, du t'bal et des claquements de mains. Pour les jeunes prétendants touareg, c'est l'occasion de faire une cour discrète et virile à l'objet de leur flamme.


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