La citoyenneté et l'accès des femmes aux sphères publiques ont été au centre des débats qui ont réuni, jeudi et vendredi, à Alger, un public de chercheurs. Leurs analyses se sont, particulièrement, attachées à la présentation des fondements du droit de la famille, de l'énoncé de la loi et de son application. Il s'agissait au préalable de montrer les liens que cette catégorie du droit entretient avec la citoyenneté dans des contextes marqués par le fait colonial. Et le droit de la famille comme instrument juridique qui ne saisit les femmes qu'en référence à un statut familial qui hypothèque l'exercice de la citoyenneté. Dans ce sillage, il a été question de la citoyenneté politique des femmes, c'est-à-dire à la fois comme reconnaissance d'un droit à participer à la gestion de la communauté et aux prises de décisions, et comment mettre en place des conditions de possibilité d'exercice de ce droit. ? ce sujet, les participants ont tenu à faire remarquer que les limites que connaissent beaucoup de femmes à l'exercice de leurs droits politiques sont autant de limites à la citoyenneté de tous. Le droit de la famille a été, également, interrogé en tant qu'obstacle à l'exercice de la citoyenneté. Ghania Graba, juriste chargée de cours à l'université d'Alger, a axé son intervention sur le droit de la famille dans le système juridique algérien en rappelant la genèse de l'élaboration du code de la famille en 1984. Une lecture plus approfondie des références de ce texte permet, selon elle, de distinguer son caractère anticonstitutionnel. En 2005, ce code a été soumis à l'étude en vue d'apporter des rectifications plus favorables à la femme et à toute la famille algérienne. Contrairement à cette attente, ce nouveau code, révèle Mme Graba, «a fermé toutes les portes de la jurisprudence et empêche le juge d'avoir une liberté d'interprétation». Cet état de fait pourrait, poursuit-elle, «bloquer totalement l'évolution de la famille». Notre juriste considère que ce code est «loin du droit commun algérien et est indépendant de tous les textes y compris la Constitution». Ajoutant que lorsqu'il s'agit de la famille on ne peut s'empêcher d'évoquer «les spécificités culturelles ou les valeurs islamiques».