Résumé de la 8e partie n Malgré la tempête de neige, Neeve va travailler ; son père tient à ce qu'elle prenne un taxi. Myles n'est pas tranquille car Sepetti l'avait menacé de s'en prendre à sa femme et à sa fille. C'était le vieil ami de son père, le couturier aujourd'hui célèbre Anthony della Salva, qui l'avait poussée à reprendre la boutique. «Tu es jeune», lui avait-il dit, oubliant le fort accent italien qui faisait aujourd'hui partie de son personnage, c'est un plus. «Tu as travaillé dans la mode depuis que tu es sortie de l'université. Mieux, tu as le savoir-faire, le flair. Je te prêterai de l'argent pour débuter. Si ça ne marche pas, je le passerai en profits et pertes, mais ça marchera. Tu possèdes ce qu'il faut pour réussir. Par ailleurs, j'ai besoin d'un autre endroit où vendre mes vêtements.» C'était la dernière chose dont Sal eût besoin, et ils le savaient tous les deux, mais elle lui en fut reconnaissante. Myles s'était montré farouchement opposé à ce qu'elle emprunte à Sal. Mais elle avait sauté sur l'occasion. Outre sa chevelure et ses yeux, elle avait hérité de Renata un sens aigu de la mode. L'année dernière, elle avait remboursé son prêt à Sal, insistant pour y ajouter les intérêts au taux légal. Elle ne s'étonna pas de trouver Betty au travail dans l'atelier. Elle avait la tête penchée, le front et les sourcils plissés en un réseau de rides devenu permanent sous l'effet de la concentration. Ses mains, fines et sèches, maniaient l'aiguille et le fil avec l'habileté d'un chirurgien. Elle ourlait un corsage orné d'un motif compliqué de perles. Ses cheveux teints d'un roux criard accentuaient l'aspect parcheminé de son visage. Neeve refusait de penser que Betty avait soixante-dix ans passés et d'envisager le jour où elle déciderait de partir à la retraite. «J'ai pensé que je ferais mieux de m'y mettre sans attendre, annonça Betty. On a une quantité épouvantable de commandes à livrer aujourd'hui.» Neeve ôta ses gants et dénoua son écharpe. «A qui le dis-tu. Et Ethel Lambston veut toutes ses affaires dans l'après-midi. — Je sais. J'attaquerai ce qu'il reste à faire pour elle dès que j'en aurai fini avec ça. Je préfère ne pas l'entendre brailler si tous ses chiffons ne sont pas prêts. — Si toutes les femmes étaient aussi bonnes clientes qu'elle...», fit remarquer doucement Neeve. Betty hocha la tête. «Peut-être. Et, à propos, je suis contente que vous ayez persuadé Mme Yates de choisir cet ensemble. L'autre lui donnait l'air d'une vache dans un pré. — Il coûtait aussi quinze cents dollars de plus, mais je ne pouvais pas la laisser faire. Tôt ou tard, elle se serait réellement regardée dans la glace. Le haut en sequins est suffisant. Il lui faut une jupe ample, souple.» Un nombre surprenant de clientes bravèrent la neige et les trottoirs glissants pour entrer dans la boutique. Deux des vendeuses n'ayant pu venir, Neeve passa la journée dans le petit salon. C'était l'aspect de son travail qui l'amusait le plus, mais l'an passé, elle avait dû limiter ses conseils à quelques clientes personnelles. (à suivre...)