Résumé de la 7e partie n Nicky Sepetti, un chef de clan de la mafia, est libéré de prison. Myles Kearny, qui l'avait arrêté, le soupçonne d'être le commanditaire de l'assassinat de sa femme. Il s'inquiète maintenant pour Neeve. Elle ne fut que modérément rassurée par son hochement de tête. «File à présent, dit-il. Le compteur du taxi tourne et mon jeu télévisé va commencer dans une minute.» Les chasse-neige avaient tenté ce que Myles appelait un «brin de toilette» pour dégager partiellement la neige accumulée dans West End Avenue. Tandis que le taxi roulait au ralenti sur la chaussée verglacée et tournait dans la transversale est-ouest qui coupe le parc à la hauteur de la Quatre-vingt et unième Rue, Neeve se surprit à formuler en elle-même un vain «si seulement». Si seulement on avait découvert le meurtrier de sa mère. Peut-être qu'avec le temps, Myles se serait consolé, comme elle, de sa disparition. Alors que pour lui, c'était resté une blessure ouverte, encore sanglante. Il s'en était toujours voulu d'avoir en quelque sorte abandonné Renata. Pendant toutes ces années, il s'était amèrement reproché de n'avoir pas pris la menace au sérieux. Il ne supportait pas le fait qu'avec les moyens illimités de la police de la ville de New York à sa disposition, il ait été incapable de démasquer l'ordure qui, d'après lui, avait agi sur ordre de Sepetti. C'était le seul désir insatisfait de sa vie — trouver ce tueur, lui faire payer, ainsi qu'à Sepetti, la mort de Renata. Neeve frissonna. Il faisait froid dans le taxi. Le chauffeur regardait sans doute dans le rétroviseur car il dit : «Navré, ma belle, le chauffage bat de l'aile. — Ce n'est pas grave.» Elle détourna la tête pour éviter d'entamer une conversation. Les «si seulement» ne cessaient de tourner dans sa tête. Si seulement on avait trouvé et condamné le tueur, il y a des années, Myles aurait pu continuer normalement son existence. A soixante-huit ans, il était encore très séduisant et bien des femmes avaient montré qu'elles n'étaient pas insensibles au svelte et robuste préfet, avec son épaisse chevelure prématurément blanchie, ses yeux d'un bleu profond et son sourire chaleureux et déconcertant. Elle était si profondément plongée dans ses pensées qu'elle ne s'aperçut pas que le taxi s'arrêtait devant la boutique. «Chez Neeve» s'inscrivait en lettres anglaises sur l'auvent ivoire et bleu. Les flocons ruisselaient sur les vitrines qui donnaient à la fois sur Madison et la Quatre-vingt-quatrième Rue, ajoutant des reflets changeants aux robes de soie printanières superbement coupées présentées sur des mannequins aux poses alanguies. C'était elle qui avait eu l'idée de commander des ombrelles. De légers imperméables assortis à l'un des tons de l'imprimé étaient posés sur les épaules des mannequins. Neeve disait en riant que c'était son côté «Dansons sous la pluie», mais cela avait formidablement marché. «Vous travaillez ici ? demanda le chauffeur tandis qu'elle réglait la course. Pas l'air bon marché.» Neeve hocha évasivement la tête tout en pensant, ça m'appartient, mon cher. C'était une constatation qui la transportait encore de joie. Il y a six ans, la boutique située à cet endroit avait fait faillite. (à suivre...)