Pour l'année 2007, la loi de finances a consacré une baisse des impôts pour les commerçants et les artisans. Mais les députés ont mis de côté les mesures sociales au profit des catégories vulnérables. Pourtant, l'aisance financière actuelle le permet. Jusqu'à quand ce paradoxe va-t-il durer ? C'est une enveloppe considérable qui met en relief, pour la deuxième fois, la supériorité des dépenses d'équipements sur celles du fonctionnement. En d'autres termes, des montants importants seront consacrés aux projets de développement et aux réalisations d'infrastructures. Mais du fond du Parlement surgissent des interrogations autour du prix de 19 dollars le baril de pétrole par jour comme référence aux recettes engrangées dans le cadre de la loi de finances. Certains députés se demandent pourquoi l'Exécutif n'établit pas la référence à 49 dollars qui permettrait d'augmenter les recettes et d'équilibrer donc les dépenses. Le gouvernement tente, comme à l'accoutumée, d'esquiver subtilement ces interrogations en justifiant parfois avec des réponses peu convaincantes aux yeux des parlementaires. L'utilisation de l'argent du pétrole et sa gestion ont toujours engagé une polémique entre les deux parties sans déboucher sur une réponse claire et précise sur la gestion du fonds de régulation de recettes qui, pour le gouvernement, serait un fonds réservé à financer le déficit budgétaire de l'Etat. D'un autre côté, il faut reconnaître que cette loi de finances a consacré une baisse notable de la fiscalité pour les commerçants, les artisans et les professions libérales qui auront désormais à payer un seul impôt à partir du mois de janvier prochain. Cela va sans doute soulager ces catégories professionnelles de la pression fiscale qui était une véritable contrainte pour leurs activités. Cependant, la contradiction pour cette année vient des parlementaires qui ont rejeté toutes les mesures sociales destinées à réconforter les classes des déshérités et des pauvres qui attendaient, à juste titre, plus de soutien étant donné la précarité de leurs revenus. Ni les handicapés mentaux ou moteurs, ni les femmes au foyer vivant en dessous du seuil de pauvreté, ni les chômeurs n'ont pu tirer avantage des aides promises. Ils sont donc exclus des mesures d'accompagnement que ne cessaient de revendiquer les députés, eux-mêmes, lors des débats qui précédaient le vote sur la loi de finances. Les justifications de l'Exécutif sont perçues par les députés comme des dérobades. D'autres ont crié au scandale des lois qui n'arrangent que les calculs politiques des uns et des autres. En tout état de cause, le ministre des Finances a tenté, durant ses sorties médiatiques, de minimiser les critiques qu'il a essuyées de la part de certains députés. «Nous attendons un contrôle efficace du système budgétaire», a-t-il martelé à plusieurs reprises comme pour signifier que l'argent de l'Etat doit être examiné à la loupe et que les dépenses publiques doivent faire l'objet d'une rationalité. Toutefois, rien n'est venu concrétiser ce souhait qui apparaît plutôt comme un vœu pieux ou du moins comme une simple promesse à long terme.