Résumé de la 6e partie n Sutterlin perd son emploi d'espion car le KGB met en doute l'authenticité des documents qu'il fournit. Son contact, le colonel Runge, entre en conflit avec ses supérieurs. Le 10 octobre 1967, Runge et son épouse Valentina demandent l'asile politique aux autorités américaines de Berlin-Ouest. Deux jours plus tard, après vérification de leurs dires, ils comparaissent devant le chef de la CIA, lequel s'est déplacé spécialement car la proposition est alléchante. En échange de leur passage immédiat aux Etats-Unis, de leur liberté et de leur protection, les époux Runge livreront les réseaux qu'ils contrôlent en Allemagne de l'Ouest. Or, dans ces réseaux, figurent deux des meilleurs agents du KGB. L'un, Léopold Pieschel, n'est autre que l'élégant et discret maître d'hôtel de l'ambassade de France à Bonn. L'autre, c'est le couple Sutterlin, qui ne font qu'un par mariage... Une journée d'octobre, douce et rousse, la nuit tombe doucement sur le jardin de la ravissante villa des Sutterlin. Le maître de maison admire les dahlias et chrysanthèmes que son épouse y a plantés. Il est 17 heures lorsqu'une voiture s'arrête silencieusement devant la grille du jardin. Deux hommes encadrent Sutterlin : les policiers du contre-espionnage de Bonn viennent de s'emparer de l'agent «Walter». A la même heure très exactement, Eléonor est arrêtée, dans son bureau du ministère des Affaires étrangères. Le ministre, prévenu à l'avance, n'y croyait pas... Et Eléonor réalise, d'un coup, qu'elle travaillait pour le KGB. Le choc est si terrible que frappée de stupeur, la pauvre femme reconnaît les faits immédiatement. Sa seule défense étant qu'elle croyait renseigner les anticommunistes. Eléonor n'est pas au bout de ses désenchantements. Elle apprend la vérité vraie, la seule en fait qui compte pour elle, quelques jours plus tard, de la bouche de son avocat. «J'ai organisé votre défense... ce n'est pas si grave... En premier lieu, toute cette affaire repose uniquement sur le témoignage de Runge. Un témoignage écrit qui n'a qu'une valeur relative devant un tribunal. Runge est en Amérique, la CIA lui a promis protection et ne le laissera jamais venir en Allemagne pour témoigner directement à votre procès... D'autre part, on voit mal ledit tribunal se transporter au grand complet aux Etats-Unis pour y entendre son témoignage oral... donc il me sera relativement facile de faire valoir que les "aveux" du colonel sont suspects. Il avait évidemment tout intérêt à gonfler votre rôle pour monnayer au mieux son passage à l'Ouest... De plus... et c'est l'argument le plus important...» Un instant l'avocat hésite devant le regard franc d'Eléonor. Sait-elle ? De toute façon, il faut passer par là... «Le plus important c'est que vous êtes une victime... — Une victime stupide, j'ai cru aider à la réunification allemande en aidant cette association... — Ce n'est pas ce que je veux dire... Vous êtes réellement une victime... Vous n'avez pas encore été confrontée à votre mari ? — Non... — A propos de votre mari, le colonel Runge est formel... Il était auprès de vous en mission...» Eléonor pâlit. Se cramponne à la table. L'avocat embarrassé se réfugie dans son dossier. Faire autant de mal à une femme pour assurer sa défense, c'est dur. Mais de toute façon, elle l'aurait su... (à suivre...)