Cause n C'est le blocage total entre le gouvernement libanais déterminé à rester en place et l'opposition menée par le Hezbollah chiite, qui veut sa démission. L'opposition libanaise continue de mobiliser des centaines de milliers de personnes. Brandissant des drapeaux libanais, les manifestants se sont rassemblés à la place Riad al-Solh, dans le centre de Beyrouth, devant le siège du gouvernement. Ils criaient «Fouad Siniora va-t-en», alors que les haut-parleurs diffusaient des chansons patriotiques. Une centaine de grandes tentes blanches ont été dressées dès vendredi dernier face au siège du gouvernement où sont retranchés Fouad Siniora, le Premier ministre, soutenu par les Occidentaux, et une partie de son équipe. «Le gouvernement ne tombera pas sous la pression de la rue, aussi longtemps que durera la manifestation», a assuré Saâd Hariri, le chef de la majorité parlementaire anti-syrienne. Les manifestants avaient à un moment bloqué les accès au siège du gouvernement, transformé en camp retranché derrière des cordons de soldats et une haie de barbelés. Plus que jamais, après la manifestation de vendredi dernier, les deux camps semblent engagés dans un face-à-face irréconciliable. Cette démonstration de force de l'opposition n'a, toutefois, pas permis d'entrouvrir la porte en vue d'une solution à la crise. D'un côté, un gouvernement affaibli, amputé de ses six ministres pro-syriens, dont une partie de l'équipe restante vit, depuis l'assassinat de Pierre Gemayel, à l'abri des murs du palais gouvernemental. De l'autre, l'opposition chiite alliée au général chrétien Michel Aoun, qui entend tirer les bénéfices politiques de la «victoire» proclamée par le Hezbollah après la guerre de l'été contre Israël et imposer des législatives anticipées. Le camp anti-syrien dénonce une «tentative de putsch» des alliés de Damas qui seraient soutenus par l'Iran. Il accuse la Syrie de vouloir torpiller le projet de tribunal international pour juger les assassins de Rafic Hariri, tué en février 2005 dans un attentat pour lequel des responsables syriens et libanais ont été mis en cause. Les pro-Syriens et leurs alliés chrétiens, quant à eux, dénient, eux, toute légitimité au gouvernement où la communauté chiite, un tiers des habitants du Liban, n'est plus représentée depuis la démission de ses cinq ministres à la mi-novembre. Devant cette crise politique sans précédent, Siniora a, de nouveau, appelé, hier, samedi, à la reprise du dialogue entre les principaux dirigeants libanais. «Les problèmes ne peuvent être résolus dans la rue, ni par les menaces ou les pressions», a-t-il dit.