L'opposition libanaise a relancé de bien belle manière hier la crise politique au Liban en mobilisant ses militants et sympathisants. Et sur ce plan, tous les observateurs s'accordaient sur un seul mot, la réussite de cette mobilisation puisque les Libanais ont répondu massivement aux appels du Hezbollah (Hassan Nasrallah), Amel (Nabih Berri) et le CPL (Courant patriotique libre de Michel Aoun). On parlait ainsi de centaines de milliers de personnes scandant un seul slogan « Siniora va-t-en », « Etats-Unis hors du Liban ». Agitant des drapeaux libanais, rouges et blancs frappés du Cèdre vert, les manifestants ont afflué, dès la mi-journée, aux abords du palais du gouvernement transformé en camp retranché. Des centaines de soldats, ainsi que des unités de la force d'intervention rapide de la police, s'étaient déployés devant le bâtiment, encerclé par des barbelés de près de deux mètres de haut. « Nous voulons un gouvernement propre », « Unité nationale » proclamaient les banderoles dans la foule. Les manifestants étaient maintenus à une distance de 150 m environ du palais du gouvernement par des cordons de soldats. Une rangée d'hommes en civil, au coude à coude, séparait les militaires de la foule. De son côté, le général Michel Aoun, chef de l'opposition chrétienne, avait lancé la veille un appel dans le même sens. L'opposition a donné comme mot d'ordre que seul le drapeau libanais soit brandi par les manifestants. La majorité a, elle, demandé que les Libanais accrochent le drapeau libanais sur leurs balcons. Cette manifestation, après des semaines d'une crise qui paralyse les institutions du pays, a pour but affiché de faire tomber le gouvernement de Fouad Siniora, issu de la majorité parlementaire au pouvoir depuis 2005, et de provoquer des élections législatives anticipées. Fouad Siniora a rétorqué jeudi que son gouvernement « ne cédera pas » aux tentatives de rétablir la « tutelle » étrangère sur le Liban. Il faisait allusion aux 29 années de présence syrienne au Liban (1976-2005), qui ont pris fin en avril 2005 sous la pression de la communauté internationale et de la rue. « Nous sommes dans l'impasse », a déclaré hier le chef druze Walid Joumblatt, pilier de la majorité. Le chef druze sait de quoi il parle, et nul à vrai dire ne sait comment se dénouera cette crise. Toutefois dira-t-on, la situation au Liban n'est pas inédite, mais sait-on jamais, ajoutera-t-on, les dérapages étant possibles.