Un vieil homme vivait misérablement avec sa vieille femme. Ils avaient vécu ensemble pendant des décennies, mais n?avaient pas eu d?enfant. Depuis leur jeunesse, ils vivotaient comme ils pouvaient. Ils vieillissaient ensemble, sans avoir jamais pu satisfaire leur désir de donner quelque chose à quelqu?un. Ils en étaient affligés et, souvent, ils pleuraient. Un jour, ils taillèrent une bûche, l?enveloppèrent dans des langes, la posèrent dans un berceau. Ils la balancèrent et la bercèrent tant et tant qu?un jour, à la place de la bûche, ils trouvèrent dans les langes un fils. Seïf Eddine, c?était le nom qu?ils lui donnèrent, était une véritable bénédiction ! Le garçon grandit en taille et en sagesse. Son père lui fabriqua une barque et Seïf Eddine allait pêcher. Et chaque jour, sa mère lui apportait du lait et du fromage. Elle venait au bord de la rivière et l?appelait : ? Seïf Eddine, mon fils ! Viens près du bord, viens ! C?est moi ta mère, je t?apporte du lait. De loin, Seïf Eddine entendait la petite voix de sa mère. Il s?approchait de la berge déchargeait son poisson. Après avoir mangé et bu, il se remettait à pêcher. Un jour, sa mère lui dit : ?Seïf Eddine, mon fils chéri, la sorcière Oum Settout te guette. Fais bien attention de ne pas tomber entre ses griffes. Après l?avoir averti, elle s?éloigna. C?est alors que la sorcière arriva sur le rivage et l?appela de sa voix horrible : ? Seïf Eddine, mon fils chéri. Viens près du bord, viens ! C?est moi, ta mère, je t?apporte du lait. Mais Seïf Eddine ne se laissa pas tromper et dit : ? Plus loin, va plus loin, ma barque ! Ce n?est pas la douce voix de ma mère, c?est celle de la méchante sorcière. Oum Settout entendit ces mots, elle courut chez un vieux sorcier pour s?y procurer une voix semblable à celle de la mère de Seïf Eddine. Comme d?habitude, la mère arriva au bord de la rivière et appela son fils d?une voix fluette : ? Seïf Eddine, mon fils, viens près du bord, viens ! La mère lui donna à manger et à boire et il retourna à la pêche. Survint la sorcière. Elle se mit à chanter d?une petite voix d?emprunt, qui était exactement celle de la mère tant aimée. Seïf Eddine crut entendre sa mère et vint sur la berge. La sorcière se jeta sur lui, l?attacha, le mit dans un sac et s?enfuit avec sa proie. Elle arriva chez elle et ordonna à sa fille de le faire rôtir. Aussitôt, elle tourna les talons et repartit en chasse. Seïf Eddine était un paysan fort intelligent. Il n?avait pas l?intention de se laisser faire. Finalement, il réussit à faire griller la fille de la sorcière à sa place. Puis, il grimpa tout en haut d?un grand chêne et attendit. Oum Settout ne tarda pas à venir. Elle pénétra dans sa maison, se mit à manger et à boire, puis sortit dans la cour en glissant et en volant et s?exclama : ? Je vole et je glisse de joie ! Je me suis régalée de Seïf Eddine. Et lui, du haut de son chêne, lui cria : ? Vole et glisse, sorcière ! De ta fille tu as mangé la chair. Elle l?entendit, leva la tête, tourna ses yeux de tous les côtés? personne ! Alors elle reprit : ? Je vole et je glisse de joie ! Je me suis régalée de Seïf Eddine. (à suivre...)