Résumé de la 2e partie n Le commissaire Pick interroge Mme Crock qui lui avoue avoir des remords. Elle aurait tué son mari en lui donnant une overdose de morphine. C'était peut-être un accident. Le médecin n'a rien relevé d'anormal... Pourquoi vous dénoncer maintenant ? — Ah, commissaire... que faites-vous du remords ? ?a me tourmente la nuit, cette histoire... Je me dis : Charlotte, si tu ne lui avais pas donné ces deux pilules, il serait encore à se plaindre à côté de toi... Tu l'as tué... dénonce-toi. — Parfait, madame Crock... Je vais ouvrir une enquête. — Une enquête ? Pour quoi faire ? Je suis l'assassin... arrêtez-moi ! — Ce n'est pas si simple, madame Crock... Je dois entendre tous les témoins de l'affaire. — Il n'y en a pas... Il n'y a que moi... — Et le docteur Mattews, son ordonnance, le nombre de pilules, la pharmacie qui les a délivrées... vous comprenez ? Le dossier doit être parfait pour permettre au tribunal de vous condamner... — Me condamner ? Ah ? Mais c'est une autre histoire... On peut aussi me déclarer innocente, j'espère ? Folle, cette pauvre madame Crock... Mais le commissaire Pick a décidé de relever le défi. Après tout, c'est vrai qu'il s'ennuie. Depuis six mois on ne lui confie presque plus rien d'intéressant. Pas la peine, puisqu'il doit passer la main... Alors l'histoire de cette madame Crock va l'occuper jusqu'à la retraite. ?a commence par une balade sur la lande, à quelque quarante kilomètres du bourg. Le docteur Mattews habite une ferme isolée. Le vent d'avril souffle si fort qu'il a dû tendre un grillage par-dessus le toit de chaume pour l'empêcher de s'envoler. Les arbres tournent le dos à la mer, arc-boutés vers le sol pour résister. Devant la ferme, un énorme chien noir, debout à l'extrémité d'une chaîne, bat l'air de ses pattes avant en ouvrant une gueule énorme. Il doit aboyer furieusement, mais le commissaire ne l'entend pas. Le vent emporte ses rugissements vers la mer. Le docteur Mattews ressemble à sa maison. Une touffe de cheveux gris sur la tête, comme un toit de chaume, le visage buriné à l'image des murs de sa vieille ferme. Il n'est pas si vieux pourtant. La quarantaine. Il répète en hurlant dans le vent : «Commissaire Pick. De Chesham... Je peux entrer ? On ne s'entend pas ici.» Le docteur Mattews s'efface, à regret semble-t-il. Il a l'air un peu inquiet. «C'est à quel sujet ? — Oh, une simple question, pour une enquête. — Une enquête ?» Décidément, il est inquiet ce docteur. Et il vit comme un sauvage. Sa ferme est meublée rustiquement, à l'ancienne. Des objets simples, un vieux fauteuil de cuir, une cheminée qui fume et un vieux chat qui crache. Pas aimable du tout. «Il n'est pas à moi, il est entré là il y a quelques jours, au début de la tempête, et je n'arrive pas à m'en débarrasser. — Vous vivez seul, docteur Mattews ? — Oui. Bien entendu...» Pourquoi «bien entendu» ? se demande le commissaire Pick. Il aurait pu répondre «depuis longtemps», ou «malheureusement», ou oui tout court... ou non tout court… (à suivre...)