Dans la tradition musulmane aussi, le chat est un symbole ambivalent, représentant tantôt la grâce et la finesse (notamment chez la femme), tantôt la cruauté et l'hypocrisie. Dans les rêves, son apparition est interprétée de diverses façons. Ainsi, quand on le voit entrer furtivement dans une maison, il peut représenter soit le voleur qui s'introduit par effraction dans une demeure, soit le gardien de cette maison. En fait, c'est le comportement de l'animal qui permet de trancher pour une interprétation ou une autre : bienveillant, ne cherchant à rien emporter, c'est le gardien ; au contraire hostile, furtif ou chapardant, c'est le brigand ! On rapporte qu'une femme est allée trouver Ibn Sirîn, le grand interprète des rêves, et lui a raconté son songe : «J'ai vu apparaître un chat noir, sauter sur mon mari qui dormait, introduire sa tête dans son ventre. Il en a sorti quelque chose qu'il s'est mis à manger !» Ibn Sirîn a interprété ainsi le rêve : «Si ton rêve est véridique, un voleur de race noire s'introduira dans la boutique de ton époux et emportera avec lui pour une somme de trois cents dirhams !» Cette interprétation s'est avérée juste, le mari de la femme ayant été cambriolé peu après. Comme au voisinage du couple vit un Noir, gardien d'un bain public, on est allé le trouver et on l'a accusé du vol. Il a d'abord nié, puis comme on a insisté, il a fini par avouer et il a rendu la somme qu'il a volée : trois cents dirhams ou pièces d'argent. On a demandé à Ibn Sirîn d'expliquer son interprétation. «Le chat représente le voleur, dit-il, le ventre le coffre de la trésorerie ; quant au chiffre de 330, je l'ai déduit de la valeur numérique des lettres qui composent le mot chat (sinnawr en arabe).»