Préférence n «La France ne perd pas tous ses atouts en Algérie, mais face aux Etats-Unis, elle n'a pas le même poids.» C'est ce qu'a déclaré Mohamed Bedjaoui, ministre algérien des Affaires étrangères, lors de sa visite à Washington. Il a ajouté que «c'est ainsi que les Etats-Unis, progressivement, sont devenus le premier client de l'Algérie, dépassant la France et le reste des pays européens». Cette déclaration, du chef de la diplomatie algérienne au Council of Foreign Relations, est très lourde de sens, puisque le ministre a annoncé la couleur. L'Algérie a choisi les USA dans ses relations commerciales. Avant de rencontrer la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, M. Bedjaoui a déclaré qu'il aura avec son homologue «des entretiens intenses qui toucheront aussi bien aux relations entre l'Algérie et les Etats-Unis qu'aux questions d'intérêt régional et international». Sur le plan international, les Américains s'intéressent plus à l'Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste. Pour affirmer la préférence américaine en Algérie, M. Bedjaoui a déclaré que «les relations politiques, économiques, culturelles, sociales ou autres sont bonnes entre l'Algérie et la France, mais il reste quand même dans les esprits quelque chose qui ne permet pas d'aller plus loin». Ce «quelque chose», que ne veut pas dévoiler le ministre, ne peut être que le passé colonial de la France. Un peu plus loin, le chef de la diplomatie algérienne a expliqué que les relations algéro-françaises se sont «détériorées» par le fait du colonialisme. Pour lui, «la page du colonialisme n'est pas tournée puisque l'an dernier (2005), le Parlement français a voté une loi dans laquelle on a voulu faire en sorte que le colonialisme soit vu avec un rôle tout à fait positif et civilisateur. Cela nous montre que les opinions publiques ne sont pas encore prêtes à tourner la page.» Façon diplomatique de dire que le traité d'amitié entre l'Algérie et la France n'est pas pour demain. Pour en revenir aux relations avec les USA, celles-ci vont en s'améliorant sur le plan commercial. En 2004, les échanges commerciaux entre les deux pays ont, en effet, enregistré un record avec un volume de 8,3 milliards de dollars, contre 5,3 milliards en 2003 et 3,3 milliards en 2002. Les Etats-Unis sont devenus le premier partenaire commercial de l'Algérie en 2004. Sur le plan diplomatique, les rapports entre les deux pays remontent à très loin dans le temps. Pour rappel, le Traité de paix et d'amitié américano-algérien a été paraphé le 5 septembre 1795. Et c'est «l'un des tout premiers traités que les Etats-Unis aient signés», a souligné Condoleezza Rice lors de la visite de M. Bedjaoui à Washington. Pour la secrétaire d'Etat américaine, «l'Algérie est un partenaire de longue date pour les Etats-Unis, c'est un partenaire important sur lequel nous comptons beaucoup».