Calvaire n Certains frères dorment ailleurs qu'à la maison. L'aîné a déménagé dans une autre wilaya, mais il travaille à Alger. Une famille de 14 personnes partage un F3, composé de 2 pièces et d'un hall en guise de salle de séjour dans le quartier populaire de Climat-de-France. Installé, avant l'indépendance, le couple partageait déjà l'appartement avec la belle-mère, la sœur et le jeune frère. Quelques années plus tard, le jeune frère se marie. Il occupe donc l'une des pièces. «La cohabitation n'a pas été facile», raconte Zohra, la mère. «Mais tant bien que mal, nous avons pu vivre», a-t-elle dit. Elle citera un proverbe populaire : «El-dik fi lakloub» (La promiscuité est dans les cœurs). Le beau-frère a fini par s'installer dans le voisinage. Lui aussi vit dans la promiscuité, avec 10 enfants. Actuellement, la famille de Zohra est unie. Ce qui est affligeant pour cette mère est de voir ses fils dormir ailleurs. Le cadet, Djamel, 39 ans, tailleur de métier, s'est reconverti dans le bâtiment. Actuellement en chômage, il dort chez un ami, dans leur villa en construction sur les hauteurs d'Alger. Il est en âge de se marier, mais il n'y pense même pas. Zohra a des jumeaux et des jumelles. L'un des jumeaux, 28 ans, a décidé de s'assumer loin du cocon familial. Sa tante émigrée possède une maison dans la périphérie d'Alger. Il s'y est installé. Il a lancé, grâce à son ancien patron, un projet Ansej, dans la vente des pare-brises. Le frère aîné, Djahid a acheté un pas-de-porte, dans la wilaya de Djelfa. Il y demeure depuis quelques années, avec sa femme, ses filles et l'une de ses sœurs. Cette dernière tient compagnie à la petite famille de son frère pendant qu'il est à Alger pour son travail. Djahid, en semaine, vit chez ses parents. Fort heureusement, actuellement, deux sœurs ont pu laisser de la place. Elles se sont mariées. Une troisième vit en France. Zohra fait remarquer que «lorsque tous mes enfants se réunissent la nuit ou lors des occasions, c'est un casse-tête inimaginable». Il faut dire que la salle de séjour ne peut contenir tous les membres de cette famille. Ils sont obligés de se réunir en petits groupes dans les autres pièces. Les balcons ont été condamnés pour gagner plus d'espace. La cuisine a été divisée en deux parties, l'une contient le buffet et la cuisinière et l'autre le frigidaire, une table pour deux personnes dans le coin et naturellement l'évier et le potager. A peine trois personnes peuvent y évoluer. Dans ce F3, exigu, il n'y a pas de salle de bains. Les toilettes servent de douche et de buanderie. Il est à signaler que chez Zohra, dont le mari est retraité, une parente malade est prise en charge. Une malade lourde qui a perdu son autonomie.