Travelling n Le premier tour de manivelle du film Amayas, le Crépuscule des Hommes bleus a été donné, hier mercredi, à la villa Raïs Hamidou (ex-Pouillon). Réalisé par Brahim Tsaki, produit par Belkacem Hadjadj, le film, s'inscrivant dans le cadre de «L'année 2007, Alger capitale de la culture arabe», raconte deux êtres que tout sépare. Lui, Amayas, presque la quarantaine, est un Targui du désert. Elle, Claude, à peine sortie de l'adolescence, est Française. Ils se rencontrent dans le désert, deviennent amis puis amants. Toutefois, Amayas aime toujours Mina, une fille de son désert qu'il ne peut pas épouser à cause d'un interdit. Il part alors en Europe rejoindre Claude. Mais dans l'exil, il apprend l'apparition d'un mal mystérieux qui tue ses proches dans le désert. Il y revient… Pourquoi ce film ? «D'abord, c'est une histoire imaginée, de la pure fiction», dit le réalisateur, ensuite «c'est une histoire d'amour impossible dans un désert, beau, plein de mystère et de richesses. Imaginer une histoire, faire un film c'est aussi essayer de sentir l'imprévisible, c'est cet imprévisible qu'il faut improviser au quotidien afin de ne pas subir des tragédies dans le futur. C'est un film de fiction en prévision que cela devienne demain un reportage sur un réel événement tragique. Prévoir, c'est vivre aujourd'hui en créant son rêve de demain.» Pour sa part, le producteur, s'exprimant sur les raisons qui l'ont poussé à s'impliquer dans la production du film, souligne que «Brahim Tsaki est un cinéaste qui porte sur les choses un regard plein de sensibilité et de poésie.» Dans « Amayas, le Crépuscule des Hommes bleus, ajoute-t-il, et au-delà de cette émouvante histoire de deux amours impossibles, c'est en fait toute la problématique de l'injuste et complexe rapport Nord/Sud qui se dessine en filigrane. Mais alors que ce problème avec tous ses enjeux est largement et abondamment traité par les économistes, les politiques, les universitaires et les journalistes, Tsaki, lui, semble, vouloir s'adresser à la sensibilité du citoyen ordinaire et à tous les citoyens du monde ordinaires». «Amayas, le Crépuscule des Hommes bleus est le genre de film qui, loin de répondre à une certaine attente des publics du Nord faite d'exotisme et de voyeurisme, ou à celle des publics autochtones faites de complaisance, va interpeller avec dignité la conscience des uns et des autres.» Enfin, Belkacem Hadjadj a relevé, à cette occasion, l'importance du cinéma, dans la relance du secteur de l'audiovisuel qui «souffre toujours, a-t-il dit, des séquelles d'une longue crise», relevant la nécessité de mettre en place des mesures pérennes pour que l'exercice cinématographique ne soit plus occasionnel. Il a souhaité, par ailleurs, que l'année 2007 soit une année de renaissance pour le 7e art algérien. Conjointement produit par Machahou Production et l'Entv, le film, d'une durée de 90 min et dont le tournage s'étale sur 8 semaines (5 semaines au Sud deux à Alger et une à Paris), sera prêt, selon le producteur, vers la fin du mois d'avril prochain.