«C'est un film de fiction en prévision que cela ne devienne demain...» note le réalisateur L'auteur de Les Enfants du vent a donné le 27 décembre dernier, à la villa Pouillon, siège du commissariat de «Alger, capitale de la culture arabe», le coup d'envoi du tour de manivelle de son nouveau long métrage, Amayas...Le Crépuscule des hommes bleus. Un nom d'un personnage, déjà rencontré dans une de ces oeuvres majeures, un superbe roman au goût amer, de Mouloud Mammeri, la Traversée. Amayas a été sélectionné et donc bénéficie du soutien financier du dit événement que l'Algérie s'apprête à abriter et fêter, à compter du 13 janvier prochain. Produit par le réalisateur d'El Manara, entre autres, Belkacem Hadjadj (Machaho production), le tournage de Amayas a débuté le 20 décembre dans la commune de Djanet, plus précisément en plein milieu de ses décors naturels enchanteurs.. Le synopsis qui s'annonce, d'emblée, comme une histoire dramatique, fait d'interdit, d'amour, de déchéance et de malédiction raconte l'histoire de cet homme bleu du désert, devenu l'amant de cette belle jeune fille Claude, (dont le père est resté au désert, pour affaire) tout en aimant Mina, une autre fille de sa terre mais dont un lourd interdit l'empêche de l'épouser...Ce film, c'est aussi l'histoire d'un curieux mal qui frappera cette région et tuera les proches de Amayas et finit par le tuer, lui aussi...Pourquoi ce film? nous explique le réalisateur Brahim Tsaki: «C'est une histoire imaginaire, non vraie. Une histoire d'amour impossible.....dans un désert, beau, plein de mystères, de richesses...C'est aussi un espace vital depuis la nuit des temps et pour demain aussi.» Et de souligner: «Imaginer une histoire, faire un film, c'est aussi essayer de sentir l'imprévisible. C'est cet imprévisible qu'il faut apprivoiser au quotidien, afin de ne pas subir des tragédies dans le futur..Un homme, un élu, un responsable, un gestionnaire doit prévoir...Les rêves des hommes avant le cauchemar. Les tremblements de terre existent, et existeront toujours. Mais rien ne nous empêche de construire la maison de son rêve en prévision des tremblements de terre. C'est un film de fiction en prévision que cela ne devienne demain...un reportage sur un réel événement tragique. Prévoir...C'est vivre aujourd'hui en créant son rêve de demain.» Evoquant ce film, le producteur Belkacem Hadjadj ne tarissant pas d'éloges sur les oeuvres de Tsaki, fait remarquer que cette réalisation est portée par un regard de cinéaste empli de sensibilité et de poésie. «Cela lui permet de traiter de sujets graves et parfois abstraits avec une simplicité qui parle directement au coeur. C'est ainsi que des problèmes tels que l'innocence, la fragilité de l'enfance, ou l'incommunicabilité entre le Nord et le Sud prennent dans ses oeuvres les Enfants du vent et Histoire d'une rencontre, toute leur dimension humaine.» Et de renchérir: «Dans Le Crépuscule des hommes bleus, des personnages que leurs destins font se rencontrer dans le Sahara, cet immense désert où les valeurs humaines sont mises à nu, vont vivre une histoire poignante et tragique. Au delà de cette émouvante histoire de deux amours impossibles, c'est, en fait, toute la problématique de l'injuste et complexe rapport Nord/ Sud qui se dessine en filigrane. Mais alors que ce problème avec tous ses enjeux est largement et abondamment traité par les économistes, les politiques, les universitaires et les journalistes, Tsaki, lui, semble vouloir s'adresser à la sensibilité du citoyen ordinaire et...à tous les ´´citoyens du monde´´, ordinaires»...Tourné en 35mm, Amayas...Le Crépuscule des hommes bleus de 90 minutes est signé, aussi Brahim Tsaki avec la collaboration de Sami Loucif pour le scénario et les dialogues. Dans la distribution des rôles, on trouve Amine Idris Aïdouni, Maud Myers, Djanet Lachemet, Yasmine Al Mesri et Jacques Henri-Fabre. La musique du film sera composée par ce grand musicien et artiste qui n'est autre que Safy Boutella, dont l'univers musical des hommes bleus n'en est plus un secret pour lui. Collaborera à ce travail artistique, Nabil, le fils de feu Athmane Bali, le chantre de la musique tindi. Ce film, loin de répondre aux clichés de l'exotisme dont les Occidentaux sont friands, se veut, d'emblée, être un film beau, porteur de message sans s'éloigner de la magie cinématographique essentielle qui fera de lui, à coup sûr, une des oeuvres importantes et marquantes du programme de «Alger, capitale de la culture arabe».