«Vendredi, alors que les informations se précisaient sur l'exécution prochaine de son père, Raghad Saddam a demandé, via la Croix-Rouge internationale (CICR), à parler au téléphone à son père pour lui dire adieu, mais sa demande a été rejetée», a indiqué un membre de l'entourage de la fille aînée de Saddam. La source n'a pas été en mesure de préciser si le refus est venu des autorités américaines ou irakiennes en Irak. «La demande de Raghad a bien été transmise à Bagdad par la Croix-Rouge, qui a ensuite transmis la réponse négative», a précisé la source. Cette nouvelle intervient, faut-il le préciser, au moment où l'on tente de démêler l'écheveau d'une énigmatique vidéo de 2min 30 filmée par téléphone portable juste à la minute de l'exécution. De médiocre qualité, ces images révèlent que certains témoins, présents devant la potence, scandaient le nom du chef radical chiite Moqtada Sadr. Plusieurs spectateurs ont également invectivé le supplicié à ses derniers instants, alors que des cris de vengeance ont retenti immédiatement après sa mort. Un des avocats de Saddam, le Français Emmanuel Ludot, a demandé aux Nations unies la création d'une commission d'enquête sur les conditions de l'exécution. Il dénonce les films réalisés de la pendaison. «La photographie par tout support du visage du condamné a violé de manière caractérisée la Convention de Genève», assure-t-il, tout en demandant «une enquête approfondie afin de connaître, à défaut d'identité, les véritables fonctions occupées dans la vie civile par les bourreaux encagoulés de Saddam Hussein qui ont été autorisés à asséner des insultes» lors de l'exécution. «On ne peut exclure que de hauts dignitaires violemment opposés au régime de Saddam Hussein aient réussi à obtenir, dans un marchandage odieux avec la puissance occupante, le privilège de procéder personnellement à la mise à mort du condamné», écrit-il. Concernant, l'invocation du nom de «Moqtada» lors de l'exécution, un porte-parole de Moqtada Sadr a qualifié celle-ci de «réaction personnelle», alors que, selon le procureur général présent à la pendaison, seuls deux témoins disposaient de téléphone portable parmi la vingtaine de personnes présentes. «Tous deux étaient des hauts responsables du gouvernement», a-t-il souligné sur la chaîne Al-Jazira refusant cependant de les nommer. Un conseiller du Premier ministre, qui a assisté à la pendaison, a estimé que «nous avons tous été surpris. C'était un acte terrible». «Nous souhaitions tout faire en accord avec la loi. Et puis à la dernière minute, l'un des gardes a commencé a crié ces mauvaises choses, c'était l'un des gardes masqués». l Selon le ministère des Affaires religieuses cité par la radio, les imams évoqueront, lors de la grande prière de vendredi, la vie et l'œuvre de Saddam Hussein. Une «prière de l'absent» a été dite, hier, mardi, dans les mosquées du pays à la mémoire de l'ancien président irakien. L'Algérie avait exprimé, dimanche, ses «regrets» pour l'exécution de Saddam Hussein, la qualifiant de «mise à mort» et rappelant que le supplicié «a été exécuté pour des actes relevant de ses activités à la tête de l'Etat».