Constat n Le festival international de musique andalouse, qui s'est tenu du 18 au 28 décembre 2006, s'est révélé une réflexion sur ce patrimoine musical. L'objectif de ce festival – qui en est à sa première édition – est d'abord d'élever cette musique à un rang international ; ensuite, ce devoir de l'entretenir, donc d'œuvrer à la préserver, d'où le souci des professionnels de mener un travail en ce sens. Nombreux sont ceux qui, parmi les chercheurs et les enseignants, considèrent que ce festival constitue une étape importante à la sauvegarde de cet héritage, mais ils ne cachent pas leur crainte de voir disparaître un jour un pan de ce patrimoine. «Nous avons perdu, dans le temps, douze des vingt-quatre noubas, il nous en reste aujourd'hui que la moitié», relève Noureddine Saoudi, musicologue, ajoutant que «cette moitié risquerait de mourir avec la disparition des derniers piliers du patrimoine andalou qui emporteront avec eux une grande partie de leur connaissance au cas où rien ne serait fait pour la préservation de cette musique ». Ahmed Serri, maître de cette musique, ne cesse, de son côté, de regretter la disparition des cheikhs et l'absence d'une relève. «A l'indépendance, il y avait pas moins de 25 maîtres représentant les trois styles où écoles (Alger, Tlemcen et Constantine) qui détenaient une partie de ce patrimoine. Ils sont malheureusement tous décédés en emportant avec eux un pan de leur savoir», déplore-t-il. Si douze noubas ont disparu et que celles qui restent, risquent de se perdre, c'est parce qu'il y a négligence et indifférence des responsables. Ainsi, Noureddine Saoudi ne cesse d'insister sur le fait que «la musique andalouse doit être considérée comme une dimension patrimoniale très importante, elle mérite davantage d'égard et un regain d'intérêt». Il appelle continuellement à «la nécessité de la création d'une structure d'étude, d'analyse et de recherche sur le patrimoine musical national, tous genres confondus, dont le pivot central serait la musique andalouse qui demeure la mieux structurée sur le plan musicologique, avec ses règles précises, ses lois et ses modes qu'il faut restituer fidèlement». Pour sa part, Ahmed Serri ne cesse d'appeler à la transcription de cette musique. «Il faut penser à la transcrire à titre documentaire, mais surtout réfléchir dans l'immédiat à la façon de la préserver d'autant que les moyens techniques existent.» Ahmed Serri reconnaît toutefois que la transcription s'avère une entreprise difficile à réaliser dans la mesure où il n'existe pas de spécialistes capables de se charger de cette mission. Un autre obstacle à surmonter, donc. Ainsi, à défaut d'un travail de transcription, les professionnels de cette musique s'emploient, depuis quelques années, et ce, avec l'apport de l'Office national des droits d'auteurs, à l'enregistrement du patrimoine andalou. Enfin, outre l'incurie des uns, il y a l'égoïsme des autres. En effet, il n'y a pas que l'indifférence de certains qui est à l'origine de la situation actuelle de la musique andalouse, il y a également – et ce qui est inquiétant – la rétention de ce savoir patrimonial par des personnes jalouses de leur héritage, alors que cela relève du domaine public. Ainsi, pour que la musique andalouse survive aux aléas du temps, il faut que tout le monde s'y mette et s'engage réellement et concrètement à un travail de préservation, donc de mémoire.