Le chacal, le renard et le loup ne sont pas des fauves, mais sont des carnassiers qui hantent les rêves. Certes, ils apparaissent moins fréquemment que les lions, par exemple, mais la télévision et le cinéma, rendent leur image familière. Le loup passe pour un animal cruel, qui ne se laisse pas dompter par l'homme. Les contes, les légendes –notamment celle du loup garou, l'homme qui se transforme en loup (en arabe qutrub) sont à l'origine de cette peur, le loup ayant disparu de la plupart des contrées du monde. En fait, ce qui justifie cette angoisse du loup chez l'homme, c'est surtout la présence du loup en lui, c'est-à-dire des instincts violents. Dans nos pays du Maghreb, c'est surtout le chacal qui est courant. Il est plus petit que le loup, mais il est tout aussi famélique et cruel, donc dangereux. Le chacal est surtout le pendant, pour les pays d'Europe, du renard, le goupil. Comme lui, il représente l'intelligence et la ruse, dans les rêves, il symbolise l'éveil de la conscience et la sensibilité. Dans l'oniromancie musulmane, le loup a aussi un symbolisme négatif : c'est un imposteur, un voleur et un traître. C'est pourquoi on met toujours en garde quelqu'un qui voit un loup pénétrer dans sa demeure : c'est le voleur ou l'espion, envoyé pour faire du mal aux membres de la famille. Le renard et le chacal représentent également des ennemis mais rusés ainsi que des concurrents malhonnêtes. On rapporte à ce propos qu'un homme est venu retrouver le calife Abû Bakr es-Seddiq et lui a dit qu'il s'était vu en rêve en train de berner un renard. «Tu es, lui a répondu le calife, un menteur.»