Comme on le sait, dans la psychologie moderne, le serpent est avant tout la représentation de la libido, non pas uniquement la sexualité, mais le principe de vie, l'énergie. Jung écrit à son propos : «C'est un vertébré qui incarne la psyché inférieure, le psychisme obscur, ce qui est rare, incompréhensible, mystérieux.» Quant à Bachelard, il le considère comme l'un des plus importants archétypes, c'est-à-dire modèle idéal, de l'âme humaine. D'ailleurs les rêves de serpents sont très nombreux, chez tous les peuples, et à toutes les époques. Et dans la plupart des rêves, son apparition provoque presque toujours de la frayeur et de l'angoisse. C'est parce que le serpent des rêves constitue presque toujours une menace pour l'homme. Il surgit à l'improviste ou alors, pour le tromper, il forme une sorte d'anneau, en apparence immobile, puis il se met à bouger. Son symbolisme sexuel est évident : il est la représentation du sexe masculin, mais comme nous l'avons dit précédemment, il représente aussi l'énergie, la force psychique. «L'apparition du symbole du serpent, écrit Jung, est toujours le signe que, dans l'inconscient, quelque chose d'important a formé une constellation», c'est-à-dire va devenir actif. On peut, au lieu de voir un serpent en voir plusieurs, voire une quantité grouillante : le rêveur est encore plus effrayé, car ces serpents représentent des forces psychiques désordonnées, qui veulent s'exprimer mais qui n'y parviennent pas. Cette situation est toujours génératrice d'angoisse, et le rêveur, en se réveillant, garde toujours une forte impression.