Résumé de la 42e partie n Nocky retrouve ses anciens amis et ses réflexes de chef. Mais il doute qu'une des deux nouvelles recrues dans la bande est un policier. «Nicky, tu sais bien que c'est impossible. Personne ne peut annuler un contrat. Il est trop tard.» Quinze minutes plus tard, à côté d'un Louie silencieux au volant, Nicky regagnait Belle Harbor. Des élancements lui brûlaient la poitrine. Les cachets de Trinitrine sous sa langue restaient sans effet. La gosse de Kearny, une fois butée, les flics n'auraient de cesse de lui mettre ça sur le dos et Joey le savait. Il avait été idiot de prévenir Joey à propos de Machado se dit-il sombrement. «Impossible que ce type ait travaillé en Floride pour le gang Palino, avait-il dit à Joey. Tu n'as même pas songé à te renseigner, hein ? Espèce de crétin, chaque fois que tu ouvres la bouche, c'est pour vider ton sac à un flic.» Le mardi matin, Seamus Lambston se réveilla après quatre heures d'un sommeil hanté par de mauvais rêves. Il avait fermé le bar à deux heures et demie, lu le journal pendant un moment et s'était glissé dans le lit en s'efforçant de ne pas déranger Ruth. Lorsque les filles étaient petites, il était capable de dormir tard, de se rendre au bar vers midi, de revenir à la maison pour dîner tôt en famille et de repartir ensuite jusqu'à la fermeture. Mais ces dernières années, les affaires marchant de plus en plus mal, avec une régularité implacable, et le loyer doublant avec la même constance, il avait laissé partir les barmen et les serveurs, réduisant le menu à quelques sandwiches. Il faisait tous les achats lui-même, se rendait sur place vers huit heures ou huit heures trente et, hormis un rapide dîner à la maison restait jusqu'à l'heure de fermeture. Et malgré ça, il ne se maintenait pas la tête hors de l'eau. Le visage d'Ethel l'avait poursuivi en rêve. Ses yeux qui lui sortaient de la tête quand elle se mettait en colère. Le sourire railleur qu'il avait supprimé. En arrivant chez elle dans l'après-midi du jeudi, il lui avait montré une photo des filles. «Ethel, avait-il supplié, regarde-les. Elles ont besoin de l'argent que je te donne. Laisse-moi une chance.» Elle avait pris la photo, l'étudiant attentivement. «Elles devraient être mes filles», avait-elle dit en la lui rendant. L'appréhension lui serrait l'estomac, à présent. La pension alimentaire devait être versée le cinq. Demain. Oserait-il ne pas faire le chèque ? Il était sept heures trente. Ruth était déjà levée. Il entendait le bruit de la douche. Il sortit du lit et alla dans la pièce qui servait à la fois de salon et de bureau. Les premiers rayons du soleil l'éclairaient déjà crûment. Il s'assit devant le bureau à cylindre qui était dans sa famille depuis trois générations. Ruth le détestait. Elle aurait aimé remplacer tous ces vieux meubles encombrants par un mobilier moderne dans des teintes douces, légères. «Tu as laissé à Ethel la totalité de tes meubles de valeur quand tu as divorcé, et j'ai dû me contenter des horreurs que possédait ta mère. Les seuls meubles neufs que j'aie jamais eus, ce furent les berceaux et les lits pour les filles, et ils ne ressemblaient en rien à ce que j'aurais voulu pour elles.» (à suivre...)