Résumé de la 40e partie n Nicky retrouve ses anciens repères. Ceux qui le connaissent affirment qu'il est revenu achever un travail entamé depuis 17 ans. Joey avait été condamné en même temps que lui. Même durée de peine. Mais Joey était sorti au bout de six ans. C'était lui qui avait pris la tête du clan, maintenant. Myles Kearny. C'est à Kearny qu'il devait ces douze années supplémentaires. Nicky baissa la tête, luttant contre le vent, s'efforçant d'admettre deux réalités difficiles à avaler. Ses enfants avaient beau affirmer qu'ils l'aimaient, ça n'empêchait pas qu'il les mettait dans l'embarras. Lorsque Marie allait rendre visite à ses amis, elle leur disait qu'elle était veuve. Tessa. Elle l'adorait quand elle était petite. Peut-être avait-il eu tort de refuser qu'elle lui rende visite pendant toutes ces années. Marie allait la voir régulièrement. Hors d'ici, et dans le Connecticut, Marie se faisait appeler Mme Damiano. Il avait envie de voir les enfants de Tessa. Mais son mari préférait qu'il attende. Marie. Nicky sentait qu'elle lui reprochait ces longues années d'attente. C'était pire que du ressentiment. Elle s'efforçait de paraître joyeuse en sa présence, mais son regard restait froid et voilé. Il pouvait lire en elle : «A cause de toi, Nicky, même pour nos amis nous avons été des étrangers.» Marie n'avait que cinquante-quatre ans et en paraissait dix de plus. Elle travaillait au bureau du personnel de l'hôpital. Elle n'en avait pas besoin financièrement, mais elle lui avait dit : «Je ne peux pas rester assise à la maison à contempler les quatre murs.» Marie. Nick Junior, non, Nicholas, Tessa, non, Theresa. Auraient-ils été vraiment tristes s'il avait succombé à une crise cardiaque en prison ? S'il avait été relâché au bout de six ans comme Joey, peut-être n'aurait-il pas été trop tard. Trop tard pour tout. Ces années supplémentaires, il les devait à Myles Kearny, et il y pourrirait encore s'ils avaient pu trouver un moyen de le garder plus longtemps. Nicky avait dépassé la Quatre-vingt-dix-huitième Rue quand il se rendit compte que l'édifice de bois des anciennes montagnes russes n'était plus là. On l'avait démoli. Il fit demi-tour et revint sur ses pas, enfonçant ses mains glacées dans ses poches, courbant les épaules contre le vent. Un goût de bile lui montait à la bouche, masquant la saveur fraîche et salée de l'océan sur ses lèvres... La voiture l'attendait lorsqu'il rentra chez lui. Louie était au volant. Louie, le seul en qui il pourrait toujours avoir confiance. Louie qui n'oubliait pas les services rendus. «A votre disposition, Don Sepetti, dit Louie. ?a fait plaisir de vous redire ça.» Louie était sincère. Nicky vit l'expression fugitive de résignation dans le regard de Marie quand il pénétra dans la maison et ôta son chandail pour enfiler une veste. Il se souvint du jour, au lycée, où on lui avait demandé de faire un compte rendu de lecture. Il avait choisi l'histoire d'un type qui disparaît et que sa femme croit mort. «Elle s'installa confortablement dans son existence de veuve.» Marie s'était confortablement installée dans une vie sans lui. Regardons les choses en face. Elle aurait préféré qu'il ne revienne pas. Ses enfants auraient été soulagés s'il avait disparu de la circulation, comme Jimmy Hoffa. Mieux, ils auraient aimé une mort simple, propre, naturelle, une de celles qui ne nécessiteraient pas d'explication pour leur progéniture, plus tard. Si seulement ils savaient combien ils étaient près de voir leurs problèmes résolus. (à suivre...)