Précarité n Occupés depuis trois ans, les chalets d'El-Karma à Boumerdès sont le reflet d'une misère inouïe. A l'entrée d'El-Karma, une localité côtière non loin du centre ville , un paysage assez homogène nous accueille de part et d'autre de la route : un alignement de chalets occupés par les sinistrés pour une durée en principe limitée, mais dont ils connaissent le commencement mais pas la fin. Ammi Cherif un sexagénaire père de 5 enfants, habite dans trois petites pièces de 3 m2 chacune. La cuisine, le salon, la chambre à coucher sont minuscules et se disputent un petit espace étouffant. «C'est ici que j'ai passé trois ans avec ma famille», nous dit-il sans cacher un sentiment d'amertume. Une chambre est consacrée spécialement pour les vêtements, la vaisselle, une bibliothèque, sûrement mal montée, le tout épars. De toutes ces choses-là entassées dans un espace réduit encombré d'un bric-à-brac indescriptible. «On s'accommode comme on peut», explique ammi Chérif. Mais c'est en hiver et avec les pluies que la situation se complique. Il trouve alors toutes les peines du monde à boucher les issues et trous du toit et il lui arrive même parfois de passer des nuits sous ou sur le toit avec de la colle à la main. «Je n'arrive pas à mettre un terme à tout ça et je suis las de le faire à chaque fois qu'on nous annonce des pluies.» Interrogé sur son appartement situé à la cité des 99-Logements, il nous dit qu'il n'est pas encore prêt. Ailleurs et pas loin de ammi Cherif, Mokhtar, un autre habitant, parle de sa situation qui est similaire. «Je suis ici depuis le séisme et rien n'a changé. Actuellement nous attendons un éventuel relogement par les autorités. Cette solution provisoire a trop duré pour nous.» Pour parer à toute goutte tombant du toit, il a entouré le chalet par du goudron et à l'intérieur, il n'hésite pas à mettre de la colle sur le toit ou même sur le plancher «et vu la petite surface du chalet, j'ai installé un extracteur pour la vapeur, sans cela le chalet serait un véritable hammam». Pour l'hiver, il n'y a rien à faire pour contrecarrer le froid glacial. En plus de tout cela, il y a un problème d'insécurité, les chalets étant sans clôture «il est quasi impossible qu'un enfant ou même un adulte, puisse sortir la nuit», constate un habitant. «Les prédateurs font la loi dehors. Ainsi les sangliers, les chiens errants sont là attendant leur gibier peu importe que ce soit dans les poubelles ou dans les petites ruelles», ironise-t-il.