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Une ville, une histoire
Les sept dormants de N'gaous (15e partie)
Publié dans Info Soir le 09 - 01 - 2007

Résumé de la 14e partie n En Tunisie, le site le plus connu de dormants est celui de Chenini, dans le sud du pays, non loin de Tataouine.
Toujours, pour les pays musulmans, la Turquie est souvent citée pour des sanctuaires consacrés aux sept dormants. L'un des plus connus se trouve à Tarse, en Cilicie, connue également pour avoir été la ville natale de Saint Paul, l'un des plus grands prédicateurs et diffuseurs du christianisme. A une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de la ville se trouve une grotte désignée sous le nom arabe de Ashab al-Kahf (les gens de la Caverne). Les chrétiens comme les musulmans de la localité voient en eux des miraculés et les vénèrent en tant que tels.
Si pour les chrétiens, les sept dormants sont des martyrs, emmurés sur ordre de l'empereur impie, pour les musulmans, il s'agit de voyageurs, qui se sont arrêtés dans la grotte pour y passer la nuit et qui ont été plongés dans un sommeil profond. Mais on fait aussi un rapprochement avec les dormants de la tradition coranique. Les dormants se sont réveillés trois siècles après pour apporter leur témoignage sur la puissance de Dieu et se convertir à l'Islam, religion qui a pris la place du christianisme.La grotte des Ashab al-Kahf de Tarse est à la fois spacieuse et profonde. Elle est très fréquentée par les musulmans qui s'y rendent les jours de fête et durant le ramadan pour y prier et faire des invocations. La grotte est particulièrement visitée la 27e nuit du ramadan, appelée la Nuit du destin, nuit où le Coran a été révélé et où, selon la tradition musulmane, se décide la destinée des hommes et du monde. Non loin de la grotte se trouve un cimetière qui semble ancien et serait connu depuis la période médiévale. Un auteur comme Thaâlibi pensait que la grotte de Tarse est la même que celle d'Ephèse ; celle-là aurait changé de nom lors de la conquête par les musulmans. Mais en réalité Ephèse et Tarse sont deux villes différentes.
Toujours en Turquie, on cite dans l'ancienne ‘Ammouriya, aujourd'hui Hadj Hamza, un autre sanctuaire tout aussi antique, dans une caverne qui aurait abrité un ancien couvent grec. ‘Ammouriya était séparée par la montagne de Nicée où existait une porte monumentale, appelée Porte des sept dormants. La montagne, elle, était appelée Djabal al Raqîm, du nom figurant dans le Coran. La caverne de ‘Ammouria était également appelée «Caverne des treize prophètes». Une tradition locale rapporte que ces treize prophètes, morts depuis treize siècles, ont été ressuscités ensemble, leurs corps, momifiés, sont encore conservés. C'est sans doute à cette grotte et à ces corps que font allusion les chroniqueurs musulmans quand ils évoquent la mission, envoyée par Abû Bakr al-Siddiq, le premier calife, en territoire alors byzantin.
Les corps, momifiés, sont entretenus par la population locale : ils sont enduits de produits comme l'aloès et le camphre, qui permettent de les conserver, on les revêt de manteaux et de bottes et, à chaque nouvelle année, on les met debout. Les corps sont dans un état de dessèchement avancé, mais ceux qui les ont vus disent qu'il donnent l'impression d'être toujours en vie. (à suivre...)


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