Résumé de la 16e partie n La Syrie possède également son sanctuaire dédié aux sept dormants ; aux îles Comores, les gens de la mer les évoquent contre les naufrages... Comme nous l'avons vu, de l'Algérie à l'Afghanistan, en passant par la Tunisie, la Turquie, la Syrie et bien d'autres pays, le souvenir des sept dormants est resté très vivace. Des grottes, des sanctuaires, des mosquées leur sont consacrés, ainsi que des invocations. La tradition musulmane voit dans le récit coranique des sept jeunes gens endormis pendant une longue période, un signe de La Toute-Puissance de Dieu. Dans la chrétienté aussi, on garde le souvenir du miracle, mais si ce souvenir a été vivace durant les premiers siècles, il a progressivement diminué. L'un de ses sites les plus connus en Europe est le sanctuaire des sept dormants qui se trouve au sud de Lannion, dans les Côtes d'Armor, en France. Le site comprend une crypte-dolmen, une église et une source. Le fait que le site se soit constitué autour d'un dolmen montre son ancienneté : il a déjà dû servir de lieu de culte aux Celtes, les anciens habitants de la région. Sur l'autel de l'église, il y avait, jusqu'en 1954, sept statuettes assez détériorées, ce qui a fait croire qu'elles représentaient les sept dormants, on parlait aussi des sept saints de Bretagne. Mais une dédicace, que l'on fait remonter au VIe siècle de l'ère chrétienne, indique qu'il s'agit des dormants d'Ephèse. Selon Louis Massignon, la crypte-dolmen était le tombeau de chefs païens, à qui on rendait un culte, avec les débuts de l'évangélisation, les missionnaires avaient pensé récupérer le site, en le christianisant. Un autre élément du site a participé fortement à la légende des Dormants, la source qualifiée de bénite. L'eau sort d'une pierre horizontale, par sept trous disposés en triangle. C'est Louis Massignon qui, au début des années 1950, a fait redécouvrir ce site. L'orientaliste français, qui a étudié le culte des sept dormants dans l'islam et le christianisme, en a fait par la suite un lieu de rencontre des musulmans et des chrétiens, engagé dans ce que l'on appelle depuis, le dialogue islamo-chrétien. Un autre lieu européen de célébration des sept dormants se trouve au nord de la Norvège. Il s'agit d'une grotte où, dit-on, on a retrouvé intacts les corps de sept adolescents, morts depuis plusieurs décennies, voire plusieurs siècles. Ce site, appelé Grotte des sept dormants, remonterait au VIIIe siècle. A Bergen, toujours en Norvège, et à Alvastra, en Suède, on a retrouvé des amulettes portant des inscriptions indiquant «Sept Dormants». En Islande, on connaît l'histoire d'un pasteur, Ingimud Torgeisson, et de ses six compagnons : ils avaient disparu au cours d'une tempête de neige et , plusieurs années plus tard, leurs corps ont été retrouvés dans une grotte : leurs corps étaient entièrement conservés. On aurait retrouvé également, à leurs pieds, une tablette de cire où figurait, en lettres runes, le nom des «Sept Dormants». Ainsi, partis de N'gaous, nous avons fait un tour qui nous a conduits loin dans l'espace et le temps. L'histoire des sept dormants, rapportée dans le Coran, a eu des échos dans un grand nombre de pays et de cultures, suscitant admiration et vénération.