Bilan n Installé depuis deux ans à la direction de la cinémathèque, Hassen El-Hadj Abderrahmane y a apporté une touche dynamique et culturelle. En faisant l'état des lieux, notre interlocuteur, ancien directeur de la maison de la culture de Tizi Ouzou, nous explique comment il a dû, à son arrivée, réorganiser le travail pour assurer le bon fonctionnement de la cinémathèque en proposant une nouvelle logistique, à même de lui faire retrouver sa vocation première de musée. «J'ai fait un état des lieux et j'ai constaté que le côté gestion, au plan comptable et administratif, était complément délaissé au point qu'une chose élémentaire comme un organigramme n'existait plus. Au plan comptabilité, il n'y avait pas de service : c'était le comptable assignataire du trésor qui exerçait cette fonction alors que le cumul est interdit par la loi relative à la comptabilité publique. Ces travailleurs n'avaient pas bénéficié de promotion, d'autres étaient vacataires depuis vingt ans alors que le décret 50-92 permettait leur intégration», nous assure notre interlocuteur. Parallèlement à ces problèmes épineux, la principale activité du musée se heurtait aux aléas de sa libre exploitation. «J'ai constaté que la cinémathèque a été transformée en un large réseau d'exploitation cinématographique alors que ses activités principales sont la conservation, la restauration, le catalogage, l'acquisition de nouvelles œuvres universelles et les échanges avec d'autres musées», ajoute-t-il. Après examen de la situation, la tutelle accepte de revoir les statuts actuels et de revenir vers les missions de l'établissement. Reste toutefois la question cruciale de la conservation des archives filmées dont près de 45% sur un total de 10 000 sont détériorées, sans compter la vétusté du matériel technique, assurant le fonctionnement des salles puisqu'il arrive souvent que les pièces de rechange soient introuvables. M. Hassen El-Hadj nous dit à ce propos : «Il est déplorable de constater que du fait de conserver nos archives filmées dans un simple appartement, celles-ci se détériorent. Il est exigé pour leur conservation un blockhaus qui permet de les maintenir à un taux d'hydrométrie et de température adéquat.» Notre directeur relève, en revanche, ce point positif : l'augmentation du taux de fréquentation des salles. Il a triplé ces dernières années jusqu'à atteindre 3 projections quotidiennes de films. Mais cet ancien docteur es sciences de l'art de l'université de Moscou reste sceptique quant à la prise en charge par les pouvoirs publics de ce secteur névralgique de la culture. «J'aurais souhaité que le 7e art en général puisse se développer dans notre pays et que l'Etat algérien ne se désengage pas durant quelques années en l'aidant financièrement. Voyez-vous, on a toujours fonctionné par à-coups dans le domaine de la culture ; il n'y a jamais eu de politique cohérente de développement dans ce domaine», conclut-il. Pour permettre le bon déroulement de la grande manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007», les salles de répertoire du musée seront mises à la disposition des différents intervenants dans le cadre cinématographique.