Entretien avec le remplaçant de Boudjemaâ Karèche, un gestionnaire professionnel aux projets multiples... Il est depuis le 1er août 2004 à la tête du Centre algérien de la cinématographie. Docteur en sciences de l'art à Moscou, il a soutenu sa thèse à l'Institut du cinéma, le VGIK, aux côtés d'un Azzedine Meddour Jean-Pierre Lledo... L'Expression : Vous êtes l'ex-directeur de la Maison de la culture de Tizi Ouzou et chargé aujourd'hui de la cinémathèque d'Alger ; comment s'est déroulée l'installation et avez-vous en des appréhensions quant au remplacement de Boudjemaâ Karèche qui a laissé son empreinte un peu dans cette salle? Hacène Lhadj Abderrahmane:Je tiens d'abord à signaler que je suis un commis de l'Etat. J'ai la chance de ne gérer que les établissements culturels. Vous avez cité Tizi. Avant Tizi, j'étais directeur de l'Institut des arts dramatiques de Bordj El Kiffan. Avant cela, j'étais sous-directeur de l'audiovisuel au ministère de la Culture et du Tourisme et directeur par intérim des arts et de leur développement, aujourd'hui les arts et les lettres. Je suis simplement fier de diriger une institution hautement symbolique. En quoi consistera votre apport pour la cinémathèque? Chaque nouveau responsable désigné a le souhait d'apporter sa petite pierre à l'édifice. C'est mon souhait, bien sûr. Je préfère vous laisser le soin d'apprécier ma gestion. Quant à M. Karèche, il faut lui rendre hommage pour tout ce qu'il a fait pour ce temple culturel. Je profite de cette occasion pour rendre hommage au fondateur de la cinémathèque algérienne. Il s'agit de M. Ahmed Hocine. Quels sont vos plans d'action au sein de la cinémathèque? J'ai fait l'état des lieux depuis le mois d'août à ce jour. La gestion d'une institution culturelle ne se limite pas seulement aux activités, il y a tout un ensemble qu'il faut prendre en charge : la gestion des carrières du personnel et l'organisation administrative. Sur ces deux points, il y a beaucoup à faire. Il y a des gens qui ont été recrutés il y a 30 ans et qui vont être mis à la retraite, dont la carrière n'a pas évolué d'un iota, ils restent au même grade. C'est une aberration. Ils n'ont jamais bénéficié de promotion. Au plan administratif, il y a des services qui n'existent pas alors qu'ils sont prévus dans l'organigramme de l'établissement. Il y a lieu de mettre de l'ordre. Comment comptez-vous procéder? Pour peu que la ministre de la Culture m'assiste dans ma tâche, les problèmes pourraient être réglés rapidement. Par ailleurs, j'ai l'impression, depuis ma nomination, que la cinémathèque algérienne s'est transformée, quelque part, en un large réseau d'exploitation cinématographique (11 salles de répertoire), alors que ses missions sont celles d'un musée, à savoir la conservation, la restauration, le catalogage, etc. Des projets en perspective? On est en train de revoir tout cela, pour revenir aux véritables missions d'une cinémathèque et convaincre la tutelle d'instruire une opération de construction d'un blockhaus. Vous n'êtes pas sans savoir que les films actuellement sont entreposés dans un simple appartement à Alger où les normes de conservation n'existent pas, à savoir l'hygrométrie et la climatisation. Des films à base de nitrate ou d'acétate risquent une détérioration rapide. C'est une nécessité, c'est universel. Ce sont des normes minimales. Quelles sont vos prérogatives? Il y a lieu de revoir les statuts de l'EPA (Entreprise publique à caractère administratif). Le statut d'EPA est contraignant pour un bon fonctionnement de la cinémathèque, je préconise un statut spécifique pour l'établissement, pour rendre la gestion plus souple sur tous les plans. On le définira par la suite avec les directeurs concernés. Un mot sur le Cnca? Laissons le Cnca se mettre en place. Il vient de naître. On se reverra plus tard pour donner un avis, éventuellement, sur ses performances.