Résumé de la 7e partie n Fort de son alibi, Miklos répond aux questions du policier avec tellement d'aisance qu'il convainc l'inspecteur de son innocence. Une idée de routine toujours : vérifier le passé de Miklos en Hongrie, à l'université de Budapest. Routine pure. Demande classique par télex et réponse quarante-huit heures plus tard. Et là, le commissaire Scheider fait un bond. De rage. Ce Miklos l'a bien eu avec ses airs d'innocent amoureux, fou de désespoir... Le télex dit : «Bakony Miklos, né le 12 juillet 1939 à Budapest. Etudiant en chimie, passionné d'expériences, notamment sur les gaz asphyxiants. A quitté l'université de Budapest, après un accident de laboratoire, probablement involontaire, qui a failli entraîner la mort de plusieurs camarades.» Pas de poursuites. Miklos Bakony se retrouve devant le commissaire Scheider. Cette fois, deux policiers sont allés le chercher. C'est lui, bien sûr. Mais comment a-t-il fait ? Durant des jours et des jours, Miklos nie obstinément. Bien que le commissaire sache maintenant que les études interminables et vagues qu'il poursuit, de la physique à l'histoire en passant par les maths et les langues, croisent aussi la chimie, et qu'à l'université de Marbourg on fait les mêmes expériences de laboratoire qu'à Budapest. De l'ypérite, il y en a. Elle sert à étudier les mutations génétiques sur les animaux, en milieu vivant comme on dit. Pour un écologiste comme le commissaire Scheider, ce genre de chose est une horreur. Et Miklos n'avoue toujours pas, et le commissaire tient bon, jour après jour. Il sait, il sent, il devine que ce garçon a effectivement des problèmes psychologiques graves, et qu'il va craquer. Il faut qu'il craque... L'usure nerveuse, la longueur de temps sont les seules armes du commissaire, qui par ailleurs n'a aucune preuve matérielle à sa disposition. Deux semaines d'usure et d'interrogatoires viennent enfin à bout de Miklos. Comment s'y est-il pris pour introduire l'ypérite dans la voiture fermée à clé ? — J'ai pris le train de nuit, j'ai mis l'ypérite dans une seringue, avec une très longue aiguille. Dans la nuit de dimanche à lundi, je suis allé à pied de la gare au domicile de Rosa. J'ai repéré la voiture, elle la laisse presque toujours au même endroit. J'ai enfoncé l'aiguille dans la bordure de caoutchouc de la glace avant droite. Je suis reparti à pied jusqu'à la gare, j'ai pris le train suivant pour rentrer à Marbourg. Personne ne s'est aperçu de mon absence. Je regrette. Je demande pardon à Rosa. C'est curieux, il y a les criminels qui ne regrettent rien, et ceux qui regrettent, mais on se demande ce que ça change. Pour les victimes en tout cas. Rosa et le jeune Martin souffriront à vie des séquelles de ce gaz de combat. Comme tant d'autres innocents dans ce monde guerrier. — Saloperie d'invention, a dit le commissaire Scheider aux journalistes. Et il a fait une déclaration d'écologiste, plus que de policier. Chacun son combat.