Résumé de la 5e partie n Rosa pense que le seul être qui aurait pu attenter à sa vie, est son ancien ami Miklos après la rupture de leurs relations. Or voilà que ce garçon se transforme en fou furieux ; d'abord il la menace d'un revolver, ensuite il se met à écrire une sorte de journal intime de leurs relations, et il vient me voir, moi, en me menaçant de le polycopier, et de le répandre dans la ville... J'ai d'ailleurs fait des démarches, à l'époque, pour qu'il soit interné. Ce garçon a des troubles mentaux évidents, seulement voilà... il ne le reconnaît pas, il se croit sain d'esprit, et on ne peut pas faire interner les gens comme ça... — Je comprends, mais l'ypérite n'est pas à portée de main du premier venu... De plus, je suis passé au garage, j'ai examiné la voiture, et il n'y a aucune trace d'effraction, aucun débris de verre, quelque chose qui ressemblerait à une ampoule brisée par exemple... L'ypérite se transporte forcément dans un emballage hermétique... Je n'ai découvert que quelques taches visqueuses, sur le tapis de sol, côté droit. Le produit sûrement, qui a dû se volatiliser aussitôt... Ce Miklos s'était-il déjà servi de la voiture ? Jamais. — Les clés n'ont jamais disparu ? — Non. D'ailleurs Miklos ne s'est plus manifesté depuis quelque temps... — Vous vous servez de la voiture ? — Ma femme de temps en temps, mais c'est rare ; quant à moi jamais. — Je vous posais la question car la tentative criminelle pourrait être dirigée aussi contre vous, ou votre femme… Vous voyez une raison ? — Pas la moindre. Nous menons une vie tranquille, je suis retraité de l'administration... ma femme ne travaille pas... — Pardon d'insister, mais vous avez fait la guerre ? — Oui. Comme tout le monde. — Vous êtes engagé dans un parti quelconque, politique, une association d'anciens combattants ou quelque chose de ce genre ? — Non. Cette guerre, commissaire, je l'ai faite contre mon gré, les nazis... enfin ce n'étaient pas mes convictions. Et depuis nous nous efforçons d'oublier. Quel rapport de toute façon ? — La guerre, monsieur Gemen. Le gaz de combat... une vieille rancœur d'un ancien compagnon, je ne sais pas... — Ne cherchez pas de ce côté, commissaire. Mes compagnons sont tous morts, ou ont disparu en Russie. Je n'ai pas d'ennemis. Je n'en ai jamais eu d'ailleurs. Le père de Rosa est un homme digne, que le jeune commissaire salue. C'est un peu l'impasse dans cette enquête. Il faut rencontrer ce Miklos. Il est étudiant, il fait partie d'une association d'étudiants à Marbourg, en Rhénanie. Le convoquer d'abord, pour voir s'il se présente ce serait déjà un bon point en sa faveur. Le lendemain, 14 septembre, Miklos Bakony comparaît devant le jeune commissaire Scheider. Un garçon de taille moyenne, au visage souriant, mais au comportement nerveux. D'un physique agréable, yeux verts, cheveux bruns bouclés, il a pourtant le type même du potache attardé dans des études interminables, et sans but bien défini. Il semble tomber des nues : — Que se passe-t-il ? Je n'ai rien perdu, on ne m'a rien volé... pourquoi cette convocation ? Le commissaire l'attaque de front. — Vous êtes ami avec Rosa Gemen... c'est la raison de cette convocation. Vous n'êtes pas au courant évidemment, car les faits datent d'hier, mais votre amie a été victime d'une grave intoxication, étrange... J'interroge la famille et les proches, je cherche une piste... (à suivre...)