Foule 11h. La banque de prêt sur gages de Oued Knis grouille de monde en ce premier jour du ramadan. Plus d?une centaine de femmes et d?hommes ont fait le déplacement, tôt le matin, pour gager leur or. Après avoir récupéré leur jeton à l?entrée, les femmes se regroupent spontanément dans la grande cour pour attendre leur tour et accéder à la grande salle où se déroule l?opération de gages. Fréquentant ces lieux durant des années, chaque début de ramadan, rentrée scolaire ou fête religieuse, certaines mères de familles ont fini par tisser une sorte de relation affective et de solidarité entre elles. Venues de Bordj Ménaïel, de Béjaïa ou de Baraki, ces femmes vivent dans la même misère et souffrent des mêmes privations. Elles se retrouvent souvent, en l?absence de préjugés mesquins et de cette honte exaspérante qui les ronge, à se confier leurs soucis quotidiens. Assise à même le sol dans l?enceinte de la banque, une femme, la soixantaine entamée, filet plié sous le bras, ne cache pas ses appréhensions par rapport aux dépenses de ce mois de ramadan à une vieille femme qui lui demande, sans gêne, les raisons de sa venue à la BDL. Une autre, la trentaine, entourée d?un groupe de femmes, essaye de s?informer sur les étapes de cette opération, mais surtout des garanties accordées pour récupérer son bien. On frappe au portail. Le gardien se renseigne sur les raisons de cette visite avant de laisser les visiteurs franchir le seuil de l?enceinte. Impatientes, des femmes réclament un jeton. Le gardien, serein, essaye de calmer une mère de famille, en larmes. «Ne pleurez pas madame, vous allez tous accéder au guichet», essaye-t-il de la rassurer. A l?intérieur de la grande salle, les citoyens passifs attendent leur tour en silence. Le seul guichet ouvert travaille lentement au grand dam des emprunteurs. Deux jeunes venus, eux aussi, pour un prêt se retrouvent à organiser la foule.