Qu'il pleuve où qu'il vente, vous les trouverez à longueur d'année, adossés aux murs qui longent la rue Mogador, au centre d'Alger, où à Oued Knis au quartier du Ruisseau, deux endroits qui ont la particularité d'abriter des agences de prêt sur gage de la BDL. Les policiers ont beau multiplier les rafles et les saisies, rien n'y fait. Les revendeurs d'or sont, pour ainsi dire «indélogeables». Ils pointent sur les lieux dès les premières heures de la matinée et, à longueur de journée, ils harcèlent les emprunteurs sur gage afin de leur faire changer d'avis. «Parfois ça marche», reconnaît Hamid, la trentaine, et qui a fait de cette activité son gagne-pain depuis plusieurs années. Il connaît parfaitement les rouages de la filière et semble même avoir des notions psychologique et sociologique. «Celui qui a recours au prêt sur gage est forcément dans le besoin. Il a besoin d'argent pour régler une facture, rembourser une dette, faire face à la maladie d'un proche. Il est par conséquent perturbé. Il sait que la banque ne lui donnera pas l'équivalent de la valeur réelle de son or. De plus, le plafond est fixé à 12 millions de centimes. Il arrive donc que la personne qui vient pour hypothéquer son or change d'avis en cours de route et décide de le vendre. Il nous appartient de – jouer – pour le convaincre», nous a-t-il déclaré. Notre interlocuteur va plus loin dans ses confessions et nous apprend que n'étaient les saisies, l'affaire serait parfaitement rentable. «Il m'arrive de faire de très bonnes affaires. J'achète l'or pour 900 à 1 000 DA le gramme alors que son prix en bijouterie est de 1 250 à 1 300 DA. Je le revends 1 100 à 1 200 DA. L'avantage ici c'est qu'il est rare de tomber sur de l'or de mauvaise qualité puisque celui que nous achetons est initialement destiné à être hypothéqué au niveau de la banque qui n'accepte que l'or poinçonné et conforme aux normes légales», ajoute-t-il. Les bijoux ainsi achetés sont revendus à des femmes venues de différents quartiers d'Alger à des prix légèrement inférieurs à ceux pratiqués en bijouterie. Comme quoi, tout le monde trouve son compte à Oued Knis et à la rue Mogador.