Festival n Cette manifestation connaît, depuis quelques années, un regain d'intérêt. Le Festival du film amazigh s'ajoute aux autres festivals institutionnalisés par le ministère de la Culture et, du coup, s'inscrit, depuis près d'une decennie, dans l'agenda culturel national. Il s'annonce comme étant, outre le témoignage de l'exercice cinématographique, un véhicule de la culture algérienne dans sa diversité linguistique, à savoir la culture amazighe. Le festival du film amazigh témoigne bien de «la diversité et de la richesse culturelles et cinématographiques de l'Algérie», indique Si El-Hachemi Assad, commissaire du Festival du film amazigh. Et de relever : «Cette richesse et cette diversité se manifestent de plus en plus à travers l'émergence du cinéma amazigh», un cinéma qui témoigne d'une activité créatrice, d'un besoin également de réhabiliter l'amazighité en Algérie. La particularité du cinéma amazigh, c'est qu'«il porte d'une manière forte le corollaire de la culture orale». «Cette tradition, dite de bouche à oreille, reste vivante dans l'environnement amazigh. Elle constitue le réservoir duquel puisent les cinéastes qui réalisent des films en tamazight et sur le monde amazigh. Ils y trouvent des structures narratives, un mode de pensée, une transmutation du réel, un étonnant moyen de communication avec les masses sensibles du patrimoine immatériel essentiellement oral», ajoute-t-il. Et de poursuivre : «L'oralité, telle qu'elle est reflétée dans le cinéma amazigh, n'est pas une simple transposition de cette forme de création et de communication au niveau cinématographique, mais un dépassement qui participe du développement de la civilisation de l'image. Pour continuer à exister, le cinéma amazigh doit sans cesse rechercher sa propre spécificité et se professionnaliser. Un cinéma lié à la nature même de la pensée humaine et en perpétuelle évolution.» Le cinéma amazigh connaît, depuis la mise en place, en 1999, du Festival du film amazigh par le Haut-Commissariat à l'amazighité, un intérêt de plus en plus manifeste et une maturité cinématographique notable, voire indubitable. «Malgré les difficultés et les problèmes rencontrés, le cinéma amazigh, par son dynamisme, son originalité et ses racines plongées dans le terroir, connaît, en effet, un succès d'estime manifeste», soutient-il. Le cinéma amazigh, qui est partie intégrante du cinéma algérien, n'échappe pas, lui aussi, comme le secteur du cinéma en général, aux difficultés que connaît ce dernier. Il se fait toutefois et s'impose comme étant une expression et ce, grâce à de jeunes talents, profondément passionnés par le langage de l'image. A défaut de moyens, les jeunes cinéastes se tournent vers des supports légers de tournage : «La vidéo constitue une réponse économique à un désir de création d'images» puisqu'elle est largement moins coûteuse que le support du 35 mn qui, lui, est trop onéreux et qui exige une logistique importante. «Avec le développement de la vidéo et du numérique, donc l'essor des nouvelles technologies, nous constatons que l'obstacle à la diffusion du cinéma amazigh est en train d'être en partie contourné.» le festival amazigh, qui s'améliore, s'enrichit et se constitue, enregistre un acquis certain. Il est désormais une réalité du paysage cinématographique algérien. Il est l'autre expression en image de l'identité, de la culture et de l'histoire de l'Algérie.