Résumé de la 3e partie n Le loup insiste pour entrer, mais les deux fillettes lui énumèrent toutes les victimes qu'ils a dévorées. Cela ne les incite pas à ouvrir la porte... Le loup comprit qu'il ne gagnerait rien par des paroles d'intimidation. Il demanda pardon de son comportement et essaya de la prière. Pendant qu'il parlait, son regard se voilait de tendresse, ses oreilles se couchaient ; et son nez, qu'il appuyait au carreau, lui faisait une gueule aplatie, douce comme un mufle de vache. Tu vois bien qu'il n'est pas méchant, disait la petite blonde. — Peut-être, répondait Delphine, peut-être. Comme la voix du loup devenait suppliante, Marinette n'y tint plus et se dirigea vers la porte. Delphine, effrayée, la retint par une boucle de ses cheveux. Il y eut des gifles données, des gifles rendues. Le loup s'agitait avec désespoir derrière la vitre, disant qu'il aimait mieux s'en aller que d'être le sujet d'une querelle entre les deux plus jolies blondes qu'il eût jamais vues. Et, en effet, il quitta la fenêtre et s'éloigna, secoué par de grands sanglots. — Quel malheur, songeait-il, moi qui suis si bon si tendre... elles ne veulent pas de mon amitié. Je serais devenu meilleur encore, je n'aurais même plus mangé d'agneaux. Cependant, Delphine regardait le loup qui s'en allait clochant sur trois pattes, transi par le froid et par le chagrin. Prise de remords et de pitié, elle cria par la fenêtre : — Loup ! on n'a plus peur... Venez vite vous chauffer ! Mais la plus blonde avait déjà ouvert la porte et courait à la rencontre du loup. — Mon Dieu ! soupirait le loup, comme c'est bon d'être assis au coin du feu. Il n'y a vraiment rien de meilleur que la vie en famille. Je l'avais toujours pensé. Les yeux humides de tendresse, il regardait les petites qui se tenaient timidement à l'écart. Après qu'il eut léché sa patte endolorie, exposé son ventre et son dos à la chaleur du foyer, il commença de raconter des histoires. Les petites s'étaient approchées pour écouter les aventures du renard, de l'écureuil, de la taupe ou des trois lapins de la lisière. Il y en avait de si drôles que le loup dut les redire deux et trois fois. Marinette avait déjà pris son ami par le cou, s'amusant à tirer ses oreilles pointues, à le caresser à lisse-poil et à rebrousse-poil. Delphine fut un peu longue à se familiariser, et la première fois qu'elle fourra, par manière de jeu, sa petite main dans la gueule du loup, elle ne put se défendre de remarquer : — Ah ! comme vous avez de grandes dents... Le loup eut un air si gêné que Marinette lui cacha la tête dans ses bras. Par délicatesse, le loup ne voulut rien dire de la grande faim qu'il avait au ventre. — Ce que je peux être bon, songeait-il avec délices, ce n'est pas croyable. Après qu'il eut raconté beaucoup d'histoires, les petites lui proposèrent de jouer avec elles. — Jouer ? dit le loup, mais c'est que je connais pas de jeux, moi. En un moment, il eut appris à jouer à la main chaude, à la ronde, à la paume placée et à la courotte malade. Il chantait avec une assez belle voix de basse les couplets de Compère Guilleri, ou de La Tour, prends garde. Dans la cuisine, c'était un vacarme de bousculades, de cris, de grands rires et de chaises renversées. Il n'y avait plus la moindre gêne entre les trois amis qui se tutoyaient comme s'ils s'étaient toujours connus. — Loup, c'est toi qui t'y colles ! — Non, c'est toi ! tu as bougé ! elle a bougé... — Un gage pour le loup ! Le loup n'avait jamais tant ri de sa vie, il riait à s'en décrocher la mâchoire. (à suivre...)