Résumé de la 59e partie n Neeve et Tse-Tse se sont donné rendez-vous devant l'appartement d'Ethel. Doug étant allé au travail, elles vont passer à l'action. L'appartement était étonnamment bien rangé, les draps et une courtepointe empilés sous un oreiller au bout du canapé. La taie d'oreiller était froissée. Elle avait visiblement servi. Les cendriers ne semblaient pas avoir été utilisés, mais Neeve fut certaine de déceler une faible odeur de cigarette dans l'air. «Il a fumé, mais ne veut pas qu'on le sache, fit-elle observer. Je me demande pourquoi.» La chambre était un modèle d'ordre, le lit fait, la valise de Doug posée sur la méridienne, les costumes sur leurs cintres, les pantalons et les vestes rangés en travers. Le billet qu'il avait écrit à Ethel était appuyé contre le miroir de la coiffeuse. «De qui se moque-t-on ? demanda Tse-Tse. Pourquoi écrit-il ce mot ? Pourquoi cesse-t-il d'utiliser sa chambre ?» Neeve savait que pas un détail n'échappait à l'œil de Tse-Tse. «Très bien, dit-elle. Commençons par le billet. Lui en a-t-il déjà laissé auparavant ?» Tse-Tse portait sa tenue de femme de ménage suédoise. Ses macarons s'agitèrent énergiquement. «Jamais.» Neeve se dirigea vers la penderie et ouvrit la porte. Cintre après cintre, elle examina la garde-robe d'Ethel pour vérifier s'il manquait un de ses manteaux. Ils se trouvaient tous là : la zibeline, la veste de loutre, le cachemire, le manteau croisé, le Burberrys, le cuir, la cape. Devant l'expression étonnée de Tse-Tse, elle expliqua ce qu'elle cherchait. Tse-Tse confirma ses soupçons. «Ethel passe son temps à dire qu'elle a cessé d'acheter tout et n'importe quoi depuis que tu l'habilles. Tu as raison. Il n'y a pas d'autre manteau.» Neeve referma la porte de la penderie. «Je n'aime pas fouiner ainsi, pourtant il le faut. Ethel a toujours un agenda dans son sac, mais je suis pratiquement certaine qu'elle en possède aussi un plus grand. — Bien sûr, dit Tse-Tse. Sur son bureau.» L'agenda était posé près d'une pile de courrier. Neeve l'ouvrit. C'était un cahier de format vingt et un-vingt-sept, avec une page pour chaque jour du mois, y compris le mois de décembre de l'année précédente. Elle feuilleta les pages jusqu'au 31 mars. Ethel avait rapidement griffonné : «Demander à Doug d'aller prendre les vêtements chez Neeve.» Le gribouillage indiquant quinze heures était entouré d'un trait. L'annotation suivante était : «Doug à l'appartement.» Tse-Tse lisait par-dessus l'épaule de Neeve. «Il ne raconte donc pas d'histoires», dit-elle. Le soleil matinal pénétrait dans la pièce. Soudain, il disparut derrière un nuage. Tse-Tse frissonna. «Franchement, Neeve, cet endroit commence à me donner la chair de poule.» Sans répondre, Neeve parcourut rapidement le mois d'avril. Il y avait des rendez-vous, des cocktails, des déjeuners. Toutes les pages étaient barrées d'un trait. Sur celle du 1er avril, Ethel avait écrit : «Recherches/Livre.» (à suivre...)