Résumé de la 34e partie n La méfiance s'empare de Neeve qui soupçonne déjà Brown d'être derrière un malheur qui s'est abattu sur Ethel. «Malheureusement, ils n'impriment pas de cartes pour les réceptionnistes, au Cosmic Oil Building. Voyez-vous, comme ma bien-aimée tante, je suis écrivain. Mais contrairement à elle, je n'ai pas encore été découvert par le monde de l'édition, si bien que je gagne de quoi subsister en restant assis au bureau de réception dans le hall du Cosmic et en annonçant les rendez-vous des visiteurs. Ce n'est pas un travail pour surdoué mental, mais Herman Melville était employé à Ellis Island, si mes souvenirs sont exacts. — Vous prenez-vous pour un nouvel Herman Melville ?» Neeve n'essaya pas de dissimuler le sarcasme dans sa voix. «Non. J'écris des livres d'un genre différent. Mon dernier s'intitule La Vie spirituelle d'Hugh Hefner1. Jusqu'ici aucun éditeur n'a vu le côté plaisant de la chose.» Il partit enfin. Neeve et Tse-Tse restèrent un moment silencieuses. «Il ne me plaît pas, dit enfin Tse-Tse. Et dire que c'est le seul parent de cette pauvre Ethel.» Neeve fit appel à ses souvenirs. «Je ne crois pas qu'elle m'en ait jamais parlé. — Elle lui a téléphoné un jour où je me trouvais là, il y a deux semaines, elle était hors d'elle. Elle a l'habitude de planquer de l'argent un peu partout dans l'appartement et elle pensait qu'une partie avait disparu. Elle l'a pratiquement accusé de l'avoir volé.» Les pièces poussiéreuses, encombrées, donnèrent soudain à Neeve une sensation de claustrophobie. Il lui tardait de s'en aller. «Allons ranger ces vêtements.» Si Douglas avait dormi sur le divan la première nuit, il était clair qu'il avait ensuite utilisé la chambre à coucher d'Ethel. Il y avait un cendrier plein de mégots sur la table de nuit. Ethel ne fumait pas. Comme partout ailleurs dans l'appartement, les meubles traditionnels de bois clair étaient des pièces de valeur, mais se fondaient dans le désordre environnant. Des flacons de parfum et une brosse en argent terni, un peigne et un miroir étaient disposés n'importe comment sur la commode. Ethel avait glissé des mémos dans le cadre doré du grand miroir. Plusieurs costumes d'homme, des vestes de sport et des pantalons étaient étalés sur une méridienne recouverte de soie damassée rose. Il y avait une valise d'homme par terre, repoussée sous la méridienne. «Il n'a tout de même pas eu le culot de déranger la penderie d'Ethel», fit remarquer Neeve. Sur le mur du fond de la grande chambre, une penderie encastrée prenait toute la longueur de la pièce. Il y a quatre ans, lorsque Ethel l'avait pour la première fois priée de venir inspecter sa penderie, Neeve ne s'était pas étonnée qu'elle n'arrive jamais à assembler ses tenues. Il lui fallait davantage d'espace de rangement. Trois semaines plus tard, Ethel avait invité Neeve à revenir. Elle l'avait conduite jusqu'à sa chambre, toute fière de sa nouvelle acquisition, une penderie sur mesure qui lui avait coûté dix mille dollars. Elle contenait des tringles basses pour les chemisiers, des tringles hautes pour les robes du soir. (à suivre...) 1. Directeur de Play-Boy.