Résumé de la 46e partie n Douglas se comportait comme le maître des lieux surtout depuis le départ d'Ethel. Son attitude aurait-elle un lien avec cet «événement» ? Lorsque le café fut prêt, Doug s'en versa une tasse, regagna la chambre et s'habilla. Alors qu'il nouait sa cravate, il s'examina avec un soin critique dans la glace. Pas mal. Les soins pour le visage qu'il s'offrait depuis quelque temps avec l'argent piqué à Ethel lui avaient éclairci le teint. Il avait également trouvé un bon coiffeur. Les deux costumes qu'il venait d'acheter lui allaient comme il se doit pour tout bon costume. La nouvelle réceptionniste du Cosmic lui faisait les yeux doux. Il lui avait laissé entendre qu'il avait pris ce boulot de minable parce qu'il écrivait une pièce. Elle connaissait le nom d'Ethel. «Et vous êtes écrivain, vous aussi», avait-elle soupiré d'un air béat. Il amènerait volontiers Linda dans l'appartement. Mais il devait se montrer prudent, pour le moment du moins. En buvant une seconde tasse de café, Doug fouilla méthodiquement dans les papiers d'Ethel sur son bureau. Il y avait une chemise cartonnée marquée «Important». Il parcourut rapidement son contenu et blêmit. Cette vieille commère d'Ethel avait des placements de grand-père ! Elle possédait une propriété en Floride ! Une police d'assurance d'un million de dollars ! Il y avait une copie de son testament dans le dernier compartiment. Il n'en crut pas ses yeux lorsqu'il le lut. Tout. Elle lui léguait jusqu'au dernier centime. Et elle valait un paquet ! Il serait en retard à son travail, mais il s'en fichait. Doug replaça ses vêtements sur le dossier de la méridienne, refit soigneusement le lit, vida le cendrier, plia une courtepointe, un oreiller et une paire de draps sur le canapé pour faire croire qu'il y avait dormi et écrivit un billet : «Chère tante Ethel. Je suppose que tu es partie pour un de tes voyages impromptus. Je savais que tu ne verrais pas d'inconvénient à ce que j'occupe le canapé jusqu'à ce que mon nouvel appartement soit prêt. J'espère que tu t'es bien amusée. Ton neveu affectueux, Doug.» Voilà qui montre la nature de nos relations, pensa-t-il tout en saluant la photo d'Ethel sur le mur près de la porte d'entrée. Le mercredi à trois heures de l'après-midi, Neeve laissa un message sur le répondeur de Tse-Tse. Une heure plus tard, Tse-Tse rappela. «Neeve, on vient d'avoir une répétition générale. Je crois que la pièce est formidable, exulta-t-elle. Tout ce que j'ai à faire, c'est passer la dinde et dire : «Jah», mais on ne sait jamais. Joseph Papp sera peut-être dans la salle. — Tu seras une star un jour, dit Neeve avec conviction. J'ai hâte de pouvoir me vanter : «Je la connaissais à ses débuts.» Tse-Tse, il faut que je retourne chez Ethel. As-tu encore sa clé ? — Personne n'a eu de ses nouvelles ? «La voix de Tse-Tse perdit son entrain.» Neeve, il se passe des choses bizarres. Son loufoque de neveu. Il dort dans son lit et fume dans sa chambre. Soit il ne s'attend pas à ce qu'elle revienne, soit il se fiche pas mal qu'elle le mette à la porte.» Neeve se redressa. Elle se sentait subitement à l'étroit derrière son bureau, et les modèles de robes du soir, de sacs, de bijoux et de chaussures répandus dans la pièce lui parurent terriblement futiles. (à suivre...)