Passion n Collectionneur de véhicules anciens. Voilà un hobby que prend à bras le corps un groupe de jeunes Algériens que la passion pour les bolides des temps anciens a rapproché. tous sont réunis autour de la même envie : prendre soin de leur bijou, comme on prend soin de son bébé. Ces bijoux, travaillés et mis tout le temps en valeur, s'appellent Traction, 203, R8 Gordini, Alpine 213 et même ancienne Talbo des années 40. L'occasion pour le grand public de découvrir ce merveilleux tableau fait de carrosseries admirablement refaçonnées et des blocs moteurs solides comme les cornes d'un rhinocéros, fut un concours de beauté de l'automobile, vieux modèles, tenu conjointement en novembre dernier avec le Sicta 2006 au pavillon S de la Safex. Les yeux pétillent, avec un pinçant brin de nostalgie, à la vue d'une Traction, noir métallisé, majestueuse dans sa tenue de princesse des voitures d'antan, ou alors pour la quinquagénaire 203 au célèbre bourdon au nez qui rappelle ses pérégrinations sur nos routes sinueuses et bordées de verdure ensorcelante. On se laisse bercer aussi par les beaux souvenirs qui remontent à la surface lorsque l'on fixe les deux yeux sur le petit rétroviseur dépoussiéré d'une R8 soigneusement entretenue malgré les grosses vicissitudes du temps qui, comme le blizzard, balaie tout sur son passage. Ebahis, les visiteurs de tous âges ne se privent pas de laisser glisser une main tendre sur le capot, le toit, la portière ou l'aile, comme s'il s'agissait de caresser une magnifique fourrure. Ils étaient si émerveillés que la plupart d'entre eux ont saisi l'aubaine d'immortaliser ces instants magiques en chargeant plein de photos dans leur mobile multimédias. L'euphorie ambiante était là pour mettre du baume au cœur de nos quelques collectionneurs qui savouraient, l'espace de ce bain de jouvence, un satisfecit qui a pris tout de suite l'allure d'une réelle reconnaissance. Comment peut-il en être autrement alors que ce sont des mois, voire des années sacrifiés pour une ivresse que d'autres prendraient pour une perte de temps. Cherfi Mohamed, la cinquantaine à peine entamée, fait partie de ce petit microcosme enivré par le rafistolage des véhicules anciens, en les passant au scanner du début jusqu'à la fin. Né au sein d'une famille amoureuse de courses de voitures quand celles-ci, par le passé, se déroulaient comme se déroule aujourd'hui un championnat de football, Cherfi était loin de se douter que son destin allait être scellé à la collection des bolides anciens pour lesquels, il dit avoir consacré une grande partie de sa vie. «Vous voyez cette Alpine. Eh bien, croyez-moi, je lui consacre plus de temps que celui réservé à mes enfants», nous annonce-t-il, fixant des yeux une épave qu'il veut transformer plus tard en un joyau avec du charme à en revendre.