Résumé de la 61e partie n Neeve découvre le contenu du carnet d'Ethel. Tse-Tse fait remarquer à Neeve qu'un homme habitant l'immeuble s'intéresse à elle. Je te le laisse. Bon, si-Ethel réapparaît ou si son charmant neveu rentre plus tôt, tu as ton excuse. Occupe-toi des placards de la cuisine, lave les verres sur les étagères du haut. Fais comme si tu étais très affairée, mais garde les yeux ouverts.» Neeve jeta un coup d'œil sur le courrier. «Mets ton nez là-dedans. Peut-être Ethel a-t-elle reçu une lettre qui l'a poussée à changer ses plans. Seigneur, j'ai l'impression de faire du voyeurisme, mais c'est nécessaire. Nous savons toi et moi qu'il se passe quelque chose de bizarre, pourtant nous ne pouvons continuer ces allées et venues indéfiniment.» Comme elle s'approchait de la porte, Neeve regarda autour d'elle. «Je me demande comment tu t'arranges pour donner à cet endroit une apparence habitable, dit-elle. D'une certaine façon, ça me rappelle Ethel. Tout ce que l'on remarque habituellement ici, c'est un désordre apparent qui vous déconcerte. Ethel agit de façon tellement imprévisible que l'on oublie combien elle peut se montrer perspicace.» Le mur près de la porte était recouvert de photos de presse. La main sur la poignée, Neeve les examina soigneusement. Sur la plupart, Ethel donnait l'impression d'avoir été photographiée au milieu d'une phrase. Elle avait la bouche légèrement entrouverte, les yeux étincelants d'énergie. Tout le visage en mouvement. Un instantané attira l'attention de Neeve. L'expression était calme, la bouche au repos, le regard triste. Que lui avait confié Ethel ? «Je suis née le jour de la Saint-Valentin. Facile de s'en souvenir, hein ? Mais savez-vous depuis combien d'années personne ne m'a envoyé un mot ou ne s'est donné la peine de me téléphoner ? Je finis par me chanter «Joyeux Anniversaire» pour moi toute seule.» Neeve avait noté en esprit d'envoyer des fleurs à Ethel et de l'inviter à déjeuner pour la prochaine Saint-Valentin, mais elle était partie skier à Vail cette semaine-là. Je suis navrée Ethel, pensa-t-elle. Sincèrement navrée. Il lui sembla que les yeux mélancoliques sur la photo ne lui pardonnaient pas. Après son pointage, Myles avait pris l'habitude de faire de longues marches l'après-midi. Mais Neeve ignorait que depuis quatre mois, il allait aussi consulter un psychiatre, Soixante-quinzième Rue Est. «Vous faites une dépression, ne lui avait pas caché son cardiologue. C'est le cas de la plupart des gens après ce genre d'opération. C'est propre à cette intervention. Mas je soupçonne que, dans votre cas, il existe d'autres causes.» Il n'avait eu de cesse que Myles ne prenne rendez-vous avec le Dr Adam Felton. Il s'y rendait régulièrement le jeudi à quatorze heures. Il détestait l'idée de s'étendre sur un divan et préférait s'installer dans un profond fauteuil en cuir. Adam Felton n'était pas le psychiatre stéréotypé auquel Myles s'était attendu. La quarantaine, les cheveux en brosse, de drôles de lunettes et un corps mince et nerveux. Au bout de la troisième ou quatrième séance, il avait gagné la confiance de Myles. Myles n'avait plus l'impression de mettre son âme à nu, mais le sentiment lorsqu'il parlait à Felton, de se retrouver dans la salle de police en train d'exposer tous les aspects d'une enquête à ses hommes. (à suivre...)