Résumé de la 60e partie n Neeve et Tse-Tse pénétrèrent dans l'appartement de Ethel. Après un tour d'inspection de la chambre et du placard. Elles se tournent vers un agenda placé sur le bureau. «Elle a tout annulé. Elle avait l'intention de partir ou du moins de s'enterrer quelque part pour écrire, murmura Neeve. — Peut-être est-elle partie un jour plus tôt ? suggéra Tse-Tse. — C'est possible.» Neeve tourna les pages en arrière. Les noms des plus grands couturiers remplissaient la dernière semaine de mars : Nina Cochran, Gordon Steuber, Victor Costa, Ronald Altern, Regina Mavis, Anthony della Salva, Kara Potter. «Elle ne peut pas avoir vu tous ces gens-là», dit Neeve. Elle a dû leur téléphoner pour vérifier les citations avant la parution de son article.» Elle désigna une note inscrite le mardi 30 mars : «Dernière date de remise pour l'article du Contemporary Woman.» Rapidement, elle parcourut les trois premiers mois de l'année, notant qu'à côté de chacun de ses rendez-vous, Ethel avait griffonné le prix des taxis et pourboires, des commentaires sur les déjeuners, dîners et réunions : «Bonne interview, mais n'aime pas qu'on le fasse attendre... Carlos, le nouveau maître d'hôtel du Cygne... Ne pas utiliser les limousines Valet - on se croirait dans une usine de déodorants.» Les annotations étaient portées n'importe comment, les chiffres souvent barrés ou changés. Qui plus est, Ethel aimait manifestement gribouiller. Des triangles, des cœurs, des spirales et des dessins couvraient chaque centimètre de page. Mue par une impulsion, Neeve s'arrêta au 22 décembre, le jour de la réception que Myles et elle avaient donnée pour Noël. Pour Ethel, I'événement avait visiblement eu de l'importance. L'adresse de Schwab House et le nom de Neeve étaient inscrits en capitales et soulignés. Des volutes et des fioritures accompagnaient les commentaires : «Le père de Neeve, célibataire et fascinant.» En marge, elle avait esquissé une grossière imitation d'un croquis du livre de cuisine de Renata. «Myles aurait un ulcère s'il voyait ça, fit remarquer Neeve. J'ai dû raconter à Ethel qu'il était encore trop fatigué pour sortir. Elle voulait l'inviter à un grand dîner en ville pour le Nouvel An. J'ai cru qu'il allait s'étouffer.» Elle revint à la dernière semaine de mars et commença à recopier les noms notés par Ethel. «C'est au moins un point de départ», dit-elle. Deux noms attirèrent particulièrement son attention. Toni Mendell, la rédactrice en chef de Contemporary Woman. Le cocktail n'était certes pas l'endroit où lui demander de chercher dans ses souvenirs une allusion d'Ethel concernant une éventuelle retraite pour écrire. L'autre nom était Jack Campbell. Visiblement le contrat pour ce livre était d'une importance capitale aux yeux d'Ethel. Peut-être en avait-elle dit plus à Campbell sur ses projets qu'il ne le croyait. Neeve referma l'agenda d'un coup sec et remonta la fermeture éclair de l'étui. «Je ferais mieux de m'en aller.» Elle noua l'écharpe rouge et bleu autour de son cou. Le col de son manteau montait haut, et la masse de ses cheveux noirs était ramassée en un chignon. «Tu es superbe, fit remarquer Tse-Tse. Ce matin, dans l'ascenseur, j'ai entendu le type du onzième C demander qui tu étais.» Neeve enfila ses gants. «Le genre Prince Charmant, je suppose.» Tse-Tse gloussa : «Entre la quarantaine et la mort. Avec moumoute. Un plumet noir sur un champ de coton. (à suivre...)