Résumé de la 35e partie n Des souvenirs surgissent dans la mémoire de Neeve. Elle est certaine qu'Ethel n'a jamais évoqué l'existence d'un neveu. Elle était divisée en plusieurs sections, les manteaux pendus dans l'une, les tailleurs et ensembles dans l'autre, les robes d'après-midi dans une troisième. Il y avait des étagères pour les pull-overs et les sacs ; des rangements pour les chaussures ; un compartiment pour les bijoux avec des rallonges de cuivre en forme de branches d'arbres où l'on enfilait les colliers et les bracelets. Une paire de mains en plastique à l'air macabre se dressait en un geste de prière, les doigts séparés. Ethel les avait fait remarquer à Neeve. «Est-ce qu'elles, ne donnent pas l'impression de vouloir vous étrangler ?», avait-elle demandé avec jubilation. «Elles servent de support pour les bagues. J'ai dit au type qui fabrique ces penderies que je gardais tous mes bijoux dans des boîtes étiquetées, mais il a tenu à les laisser quand même. Un jour, je regretterais de ne pas les avoir prises, m'a-t-il dit.» Contrairement au reste de l'appartement, la penderie était dans un ordre parfait. Les vêtements étaient pendus sans un pli sur leurs cintres recouverts de satin, les fermetures à glissière remontées, les vestes boutonnées. «Depuis le jour où tu as commencé à l'habiller, les gens ne cessent de s'exclamer sur les tenues d'Ethel, fit remarquer Tse-Tse. Elle est aux anges. A l'intérieur des portes, Ethel avait collé les listes composées par Neeve, avec les accessoires correspondant à chaque ensemble. «Je suis venue tout vérifier avec Ethel le mois dernier, murmura Neeve. Nous avons fait de la place pour ses nouveaux achats.» Elle posa les vêtements sur le lit et commença à retirer les housses de plastique. «Bon, je vais ranger tout ça et compléter la liste, comme je le fais quand elle est là.» Tandis qu'elle triait et suspendait les nouveaux vêtements elle vérifia le contenu de la penderie. La zibeline d'Ethel. Sa veste de loutre grise. Le manteau-redingote de cachemire rouge. Le Burberrys. La cape à chevrons. Le manteau croisé blanc avec un col en lynx. Le pardessus de cuir ceinturé. Puis venaient les tailleurs. Les Donna Karan, les Beenes, les... Neeve s'interrompit, deux nouveaux tailleurs dans la main. «Attends un peu», dit-elle. Elle examina le dessus de l'étagère. Elle savait que les bagages Vuitton d'Ethel comprenaient quatre valises assorties. Une penderie portative avec des poches zippées, un vaste fourre-tout, une grande valise et une autre de taille moyenne. La penderie portative, le fourre-tout et une des valises manquaient. «Cette bonne vieille Ethel, dit Neeve tout en rangeant les nouveaux tailleurs. Elle est vraiment partie. Le tailleur beige à col de vison n'est plus là.» Elle se mit à passer les portemanteaux en revue. Le tailleur de lainage blanc, l'ensemble de tricot vert, I'imprimé noir et blanc. «C'est incroyable, elle a fait ses bagages et elle a filé ! Je l'étranglerais volontiers de mes mains.» Elle repoussa ses cheveux sur son front. «Regarde, dit-elle, en désignant la liste épinglée sur la porte et les places vides sur les étagères. Elle a emporté tout ce qu'il lui fallait pour se faire belle. Je parie qu'avec ce temps de chien, elle a décidé de ne prendre aucune tenue légère. Très bien. Où qu'elle se trouve, j'espère qu'il y fera 40°. Che noiosa ! spero che muoia di caldo ! — Du calme, Neeve, dit Tse-Tse. Dès que tu te mets à parler italien, tu perds ton contrôle.» Neeve haussa les épaules. (à suivre...)