Dégradation n Les relations sont de nouveau au plus mal, Bagdad dénonçant l'hostilité des autorités syriennes face aux Irakiens réfugiés sur leur sol, et l'accusant d'abriter les terroristes frappant l'Irak. Les responsables irakiens, notamment chiites, irrités par une série de mesures prises ces dernières semaines par Damas, et jugées hostiles à l'Irak, ont pointé du doigt la Syrie, après le deuxième attentat le plus meurtrier en quatre ans, commis, hier, à Bagdad. La Syrie a notamment imposé des restrictions au séjour des réfugiés irakiens, suspendu les vols de la compagnie nationale Iraqi Airways, et réservé un accueil officiel à un chef religieux sunnite, Hareth al-Dari, qui fait l'objet de poursuites en Irak. Le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al-Dabbagh, a déclaré, hier, aussitôt après cet attentat-suicide au camion piégé qui a fait plus de 130 morts dans un quartier majoritairement chiite de Bagdad, que la moitié des terroristes qui commettent des attentats en Irak viennent de la Syrie voisine. «Je peux vous assurer que 50% des actes criminels et des attentats sont commis par des Arabes takfiris (extrémistes sunnites) qui viennent de Syrie», a déclaré le porte-parole à la télévision publique Iraqia. «Nous avons des preuves de ce que l'on avance et nous les avons montrées à nos frères syriens», a-t-il martelé. «Je veux dire à tous les Arabes que ceux qu'ils considèrent comme des moudjahidine viennent de Syrie pour tuer le peuple opprimé de cette façon», a-t-il ajouté. «Les frères en Syrie ont assuré que leur pays ne serait pas (un refuge) pour les meurtriers. Or, les groupes terroristes en Irak reçoivent toutes formes d'aide de gens installés en Syrie», a dit M. Dabbagh. Vendredi, le porte-parole irakien avait dénoncé l'attitude «hostile» de la Syrie sur le dossier des réfugiés irakiens. «La Syrie a imposé des mesures limitant la durée de leur séjour, qui mettent des centaines de milliers d'Irakiens dans une situation très difficile. Il ne s'agit pas d'une attitude amicale, mais d'une attitude hostile envers les Irakiens», a-t-il déclaré. Jusqu'à très récemment, les Irakiens pouvaient obtenir des permis de séjour en Syrie de trois mois renouvelables. Mais depuis le 20 janvier, les autorités syriennes ne délivrent plus que des permis de séjour de deux semaines renouvelables une seule fois. Les Irakiens doivent ensuite repartir en Irak pendant un mois pour pouvoir revenir en Syrie pendant deux semaines. En raison des violences notamment confessionnelles, environ deux millions d'Irakiens se sont réfugiés à l'étranger, dont au moins 600 000 en Syrie, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). «Les réfugiés irakiens courent à la catastrophe. Cette décision a provoqué la colère des Irakiens à l'égard de la Syrie», a asséné M. Dabbagh.