Suite au deuxième plus meurtrier attentat, 130 mort et plus de 300 blessés, depuis l'invasion armée de l'Irak en mars 2003, le gouvernement de Nouri Maliki n'hésite plus à rendre la Syrie responsable de cette flambée de violence. Dans un point de presse, le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al Dabbagh, a affirmé que la moitié des terroristes qui commettent des attentats en Irak viennent de la Syrie. “Je peux vous assurer que 50% des actes criminels et des attentats sont commis par des Arabes takfiris qui viennent de Syrie”, a-t-il déclaré, samedi, après l'attentat de Sadriya, qui a coûté la vie à 130 personnes, outre 300 blessés, à la chaîne de télévision Al Iraqia. “Nous avons des preuves de ce que l'on avance et nous les avons montrées à nos frères syriens”, a indiqué le responsable irakien, qui a ajouté : “Je veux dire à tous les Arabes que ceux qu'ils considèrent comme des moudjahidine viennent de Syrie pour tuer le peuple opprimé de cette façon.” Enfonçant le régime de Bachar al Assad, Ali al Dabbagh regrettera que malgré la promesse des Syriens, “leur pays ne serait pas un refuge pour les meurtriers. Les groupes terroristes en Irak reçoivent toutes formes d'aides de gens installés en Syrie”. Ne s'arrêtant pas là, il reprochera à la Syrie “d'avoir imposé des mesures limitant la durée du séjour aux Irakiens” car, selon lui, elles “mettent des centaines de milliers d'Irakiens dans une situation très difficile. Il ne s'agit pas d'une attitude amicale, mais d'une attitude hostile envers les Irakiens”. En effet, les Irakiens pouvaient obtenir des permis de séjour en Syrie de trois mois renouvelables. Mais depuis le 20 janvier, les autorités syriennes ne délivrent plus que des permis de séjour de deux semaines renouvelables une seule fois. À cause de cette décision, “les réfugiés irakiens courent à la catastrophe. Cette décision a provoqué la colère des Irakiens à l'égard de la Syrie”, a clamé le porte-parole du cabinet al Maliki. Sur sa lancée, il dénoncera “la tenue d'un congrès du parti Baas irakien en Syrie, glorifiant le bourreau des Irakiens, Saddam Hussein”, avant de critiquer le fait que “des dirigeants syriens accueillent publiquement des personnalités irakiennes liées au terrorisme”. Ces accusations n'ont pas tardé à faire réagir la Syrie, qui a démenti catégoriquement. “Les déclarations d'Ali al Dabbagh sont contraires à la réalité et visent à tendre les relations syro-irakiennes que Damas souhaite renforcer et développer”, a affirmé, hier, une source officielle syrienne. Elle a surtout estimé que ces propos n'étaient “pas justifiables”, surtout après la visite effectuée par le président irakien, Jalal Talabani, en Syrie le mois dernier, qui a “eu des résultats positifs, telle la conclusion d'accords techniques et sécuritaires” entre Damas et Bagdad, qui ont “posé la base pour un développement des relations bilatérales”. Ceci étant, l'Irak vit ces derniers jours ses pires moments, avec une augmentation sensible du nombre d'attentats en dépit du plan de sécurité mis en place récemment pour sécuriser Bagdad. Après le carnage de samedi, les Irakiens se sont réveillés, hier, sur une série d'explosions à Bagdad et sa périphérie, où une douzaine de personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées. Les autorités irakiennes et l'armée américaine doivent lancer, dans quelques semaines, un nouveau plan de sécurité pour la capitale, ensanglantée chaque jour par des violences, en grande partie confessionnelles, qui ont fait plus de 16 800 tués à Bagdad en 2006, selon les chiffres rendus publics par l'Organisation des Nations unies. K. ABDELKAMEL