Drame n «Nos jeunes, en perte de repères solides, cherchent leurs références ailleurs. Ils croient que la vie est rose de l'autre côté de la rive, alors ils tentent le voyage de l'enfer.» Le porte-parole de l'Association pour la sauvegarde de la jeunesse d'Alger a annoncé, hier, lors d'une conférence de presse, le prochain lancement d'une opération, la première du genre, à savoir un psychobus avec un psychologue, un sociologue, un psychiatre et un médecin généraliste qui se rendra dans les quartiers populaires pour écouter les jeunes «en quête de références». Optimiste quant à la réussite de cette opération, M. Abidat compte énormément sur les médias pour ce qui est du volet communication et lance un appel aux différents acteurs de la société pour jouer leur rôle afin d'arrêter cette «hémorragie». «Je souhaite que tout le monde participe à ce travail de sensibilisation. Je saisis cette occasion pour lancer un appel aux enseignants, médecins, journalistes et toute personne qui peut informer nos jeunes de l'ampleur du danger de l'émigration clandestine, de faire preuve du devoir d'aider nos jeunes à prendre conscience. De notre côté, nous avons décidé d'aller jusqu'au bout. J'espère que nous pourrons élargir cette opération à l'ensemble de nos villes côtières afin de sauver le maximum de nos jeunes», a-t-il conclu Dans son exposé sur le phénomène de l'émigration clandestine, M. Abidat a évoqué les facteurs qui motivent les jeunes à tenter leur chance à rejoindre les pays du nord de la Méditerranée. Selon lui, le premier facteur est lié à la réussite des expériences et tentatives «des camarades harragas» qui ont traversé la Méditerranée à bord d'une embarcation de fortune. Cela crée, explique-t-il, un climat de confiance pour combattre la peur. «Pour le jeune, il représente un geste de bravoure. Donc, il se lance un défi pour réaliser son plan», a-t-il ajouté. Aussi, le diagnostic de M. Abidat fait porter une grande responsabilité aux parents qui ne font rien pour empêcher leurs enfants d'aller vers une mort certaine. M. Abidat résume l'origine de ce phénomène dans le facteur psychosocial qui encourage les jeunes à commettre l'irréparable (le suicide). «Nos jeunes, en perte de repères solides, cherchent leurs références ailleurs. Ils croient que la vie est rose de l'autre côté de la mer, alors ils tentent le voyage de l'enfer», s'est-il désolé. L'orateur a fait remarquer que le phénomène de l'émigration clandestine ne se fait plus d'une manière organisée comme auparavant, c'est-à-dire avec la complicité de certains responsables ou travailleurs du port. Aujourd'hui, à cause des contrôles rigoureux au niveau des structures portuaires du pays, les jeunes choisissent d'autres coins où se trouvent les réseaux des «microactivités». «Ils payent de 10 à 15 millions au propriétaire d'une embarcation qui leur loue une embarcation pour un voyage incertain.»