«Chaque travailleur tend à s?élever à son niveau d?incompétence». C?est cela le principe de Peter. C?est une théorie tragicomique qui a fait couler beaucoup d?encre, mais qui a fini par tomber dans les oubliettes de la rubrique rire. En fait, le principe de Peter se vérifie tous les jours. Il est omniprésent dans les pays sous-développés, pardon, émergents. Chez nous, qui sommes des sous-développés émergents, c?est quasiment une constante nationale. Qu?est-ce que ce principe de Peter ? Imaginons que H?mimed est très bon aide-mécanicien. Il est très compétent. Il est même meilleur que le chef mécanicien. Ses chefs le remarquent. Un bon évaluateur aurait conseillé de le promouvoir au poste de mécanicien, mais ses chefs, admiratifs devant tant de compétence, le bombardent chef mécanicien. Du jour au lendemain, l?excellent aide-mécanicien qu?était H?mimed devient un chef mécanicien exécrable, parce qu?il ne savait pas commander ses hommes, ne savait pas lire les plans d?intervention ni faire son état des besoins. H?mimed vient d?atteindre son niveau d?incompétence. Son employeur est doublement perdant parce d?abord, il donne un salaire élevé à un chef mécanicien incompétent qui sabote le travail et qu?ensuite il a perdu un très bon aide-mécanicien. H?mimed aussi est perdant, parce qu?il ne peut plus jouir de la considération de ses camarades et de son employeur, qu?il a perdu sa confiance en soi et la satisfaction qu?il tirait de sa réussite. Avant d?atteindre son niveau d?incompétence, il était joyeux, énergique, bon vivant. Il chantonnait tout le temps. Maintenant, il est tout le temps stressé, sur ses gardes. Il est sur la défensive à force d?essuyer des remontrances et il est de mauvaise foi. Il est même devenu l?ennemi juré de l?autre chef mécanicien qui est très compétent et qui lui fait de l?ombre. Mais cela ne saurait tarder, car ce dernier est sur le point d?être nommé chef de parc et il va, lui aussi, atteindre son niveau d?incompétence, donc devenir l?allié naturel de H?mimed. La bonne solution pour tout le monde aurait consisté à accorder une solide augmentation à H?mimed et de le maintenir à son poste d?aide-mécanicien. Tout le monde aurait gagné dans l?affaire. C?est exactement la même chose pour la plupart de nos hommes politiques. Tout le monde aurait gagné ? et eux les premiers? à les maintenir à des postes subalternes de sous-chef de service à la mairie de leur bled, de mandataire au marché des fruits et légumes ou surtout d?arracheur de dents, car ce dernier métier exige une certaine qualité dont ils disposent largement.