Résumé de la 66e partie n Neeve reçoit un coup de fil de Jack Campbell, elle lui demande s'il peut la recevoir. Rendez-vous est pris pour 15h. Sa veste était posée sur le dos de sa chaise. Il portait un Jacquard dans des tons de vert et de brun. Des couleurs d'automne qui lui allaient bien. Il avait un visage trop maigre et des traits trop irréguliers pour qu'on les qualifie de beaux, mais ils possédaient une sorte de force tranquille qui les rendaient infiniment séduisants. Il y avait une gaieté chaleureuse dans ses yeux quand il souriait et Neeve fut heureuse d'avoir mis un de ses nouveaux tailleurs de printemps, une jupe de lainage turquoise et une veste mi-longue assortie. «Voulez-vous un café ? proposa Jack. J'en bois beaucoup trop, mais je vais malgré tout en prendre un.» Neeve réalisa qu'elle n'avait pas déjeuné et qu'elle éprouvait un léger mal de tête. «Avec plaisir. Noir, s'il vous plaît.» Tandis qu'ils attendaient, elle admira la rue. «J'aurais l'impression de régner sur New York à votre place. — Durant le premier mois de mon arrivée, j'ai eu un mal fou à garder la tête au travail, lui dit-il. J'ai eu envie de devenir new-yorkais dès l'âge de dix ans. C'était il y a vingt-six ans, et il m'a fallu tout ce temps pour arriver à m'établir à Big Apple.» Ils prirent leur café autour de la table basse, Jack Campbell confortablement installé sur le canapé, Neeve assise au bord d'un fauteuil. Elle savait qu'il avait dû repousser d'autres rendez-vous pour la recevoir aussi rapidement. Elle respire profondément et lui parla d'Ethel. «Mon père pense que je suis folle, dit elle. Mais j'ai le pressentiment qu'il lui est arrivé quelque chose. Bref, vous aurait-elle indiqué qu'elle avait l'intention de partir quelque part ? J'ai appris que le livre qu'elle est en train d'écrire pour vous doit paraître à l'automne.» Jack Campbell l'avait écoutée avec la même attention qui l'avait frappée le soir du cocktail. «Ce n'est pas tout à fait ça», dit-il. Neeve écarquilla les yeux. «Alors comment… ?» Campbell but les dernières gouttes de son café. «J'ai fait la connaissance d'Ethel il y a deux ans à l'American Boxing Association, alors qu'elle faisait la promotion de son premier livre pour Givvons and Marks, celui sur les femmes en politique. C'était excellent. Drôle. Plein d'anecdotes. Il s'est bien vendu. C'est pourquoi je me montrai intéressé quand elle demanda à me rencontrer. Elle me fit un résumé de l'article qu'elle était en train de rédiger et ajouta qu'elle venait peut-être de découvrir une histoire qui ébranlerait le monde de la mode. Si elle écrivait un livre sur le sujet, est-ce que j'étais prêt à l'acheter et à combien se montait l'avance ? «Je lui ai répondu qu'il me fallait évidemment en savoir davantage, mais, étant donné le succès de son dernier livre, si celui-ci était aussi explosif qu'elle l'affirmait, nous pourrions l'acheter et envisager une avance à six chiffres. La semaine dernière, j'ai lu à la page six du Post qu'elle avait obtenu un contrat d'un demi-million de dollars et que le livre devait sortir à l'automne. Depuis, le téléphone ne cesse de sonner. Toutes les maisons d'édition de poche se battent pour l'avoir. J'ai appelé l'agent d'Ethel. Elle ne lui en avait même pas parlé. (à suivre...)